Concours Graines de Boss 2006
Après Tracy Loisel-Békalé et le concours Petit-Poucet, des étudiants d’Epita se sont à nouveau illustrés en remportant le prix spécial du Jury du concours Graines de Boss, organisé par M6 et Media Board Regie -entreprise d’affichage publicitaire destiné aux étudiants- avec la participation du Sénat.
Ce challenge a pour but de permettre à de jeunes talents de se faire connaître, en récompensant les meilleurs projets de création d’entreprise par des jeunes de moins de 25 ans. Le jury, composé de chefs d’entreprises reconnus, comme Damien Bachelot, PDG d’Aforge Finance, ou Jean-Christophe Chopin, PDG de Firstream, était placé sous le haut patronage de Christian Poncelet, Président du Sénat. C’est donc au Palais du Luxembourg, le 16 mars dernier, qu’Hadrien Marchand, Olivier Gianotti, Florian Haftman et Dimitri Rouil, tous élèves de quatrième année à Epita (en option Multimédia pour Florian, en Télécommunications pour les trois autres), ont reçu le prix couronnant leur jeune entreprise, Progresseo, née en Novembre 2005.
Progresseo est une SARL de cours d’informatique à domicile pour les particuliers. Les quatre jeunes fondateurs recrutent des étudiants en informatique chargés de dispenser des formations aux clients sur les notions de base concernant la bureautique, Internet, les anti-virus, voire sur des points plus exigeants comme la création de site ou la programmation.
Les lauréats ont réussi à démontrer le caractère innovant de leur projet. En plus de répondre à un besoin d’apprentissage des outils de base en informatique, les jeunes entrepreneurs ont perçu une opportunité dans le développement des services à la personne en France ces derniers mois, encouragé par le gouvernement. Grâce à une nouvelle législation, le client de Progresseo est administrativement l’employeur du jeune professeur à domicile, la SARL étant son mandataire et le tout permettant une déduction d’impôts de 50 %. Avoir repéré cette demande potentielle à laquelle des étudiants en informatique sont les mieux placés pour répondre, et avoir discerné la voie récemment ouverte par les lois sur les services à la personne, telles sont les preuves d’une capacité d’initiative que le jury a saluées en attribuant son prix spécial à Hadrien Marchand et ses camarades.
Hadrien Marchand, Directeur général de Progresseo, et son ami et associé Dimitri Rouil reviennent en détail sur la démarche de leur jeune entreprise…
Mes trois associés et moi-même nous connaissons depuis la première année à Epita. L’idée de Progresseo avait déjà mûri auparavant, mais l’annonce du concours Graines de Boss dans l’émission Capital sur M6, début septembre 2005, nous a semblé être l’occasion de confronter notre projet à d’autres, avec un challenge qui nous amenait à établir nos arguments sur des bases strictes. C’était aussi un moyen d’assurer notre crédibilité en tant que jeune société.
Nous avons réussi à émerger d’un ensemble de 250 projets sérieux (2600 candidats). Au siège de M6, le 26 janvier, 6 projets dont le nôtre ont été sélectionnés comme finalistes. Le prix spécial du jury nous a été remis le 16 mars au Sénat.
Comment l’idée de cette société de cours à domicile vous est-elle venue ?
Nous avons d’abord repérer un besoin. La diffusion des nouvelles technologies depuis plusieurs années est un fait auquel personne ou presque ne peut échapper. L’environnement informatique est donc devenu familier à chacun. Pour autant, la plupart des gens n’ont pas les connaissances, même minimes, qui leur permettraient de le maîtriser correctement. Pour prendre l’exemple du système d’exploitation, nombreuses sont les personnes qui savent se servir grossièrement de Windows, mais elles l’ont souvent appréhendé sans y être vraiment formées, et elles sont donc régulièrement confrontées à des difficultés, qui les bloquent et les restreignent à une utilisation sommaire, alors qu’un apprentissage basique mais précis leur permettrait de les éviter. Malgré tous les efforts des éditeurs de logiciels en général pour faciliter la vie de l’utilisateur, c’est une situation très répandue. Ce décalage est à l’origine d’une réelle demande de formation.
Une fois le besoin détecté, votre originalité est de mettre à profit une certaine configuration administrative…
Le business model que nous avons mis en place est le système de l’entreprise mandataire dans le cadre des services à la personne. Notre client est administrativement l’employeur du professeur particulier, et il peut déduire de ses impôts 50 % de la somme qu’il nous verse. De notre côté, les charges salariales et patronales sont évitées. Nous avons profité des lois Borloo, qui ont fait l’objet d’un véritable « matraquage » télévisuel ces derniers temps et qui ont encouragé cette nouvelle demande de services aux particuliers.
Le service que nous proposons, dont le prix devient alors assez attractif, consiste en l’enseignement à domicile de l’informatique, auquel s’ajoute la prise en charge des formalités administratives. Nous avons reproduit ce système du client-employeur à un secteur des cours particuliers qui nous concerne évidemment. Nous sommes, en tant qu’étudiant d’Epita, les mieux placés pour repérer les bons formateurs, en trouvant dans les écoles d’informatique ou à l’Université des étudiants qualifiés tant sur le plan des connaissances que sur le plan pédagogique.
Quels obstacles avez-vous rencontrés dans le montage de votre projet ?
Si c’est une brèche ouverte par la loi elle-même qui nous a permis de prendre position sur ce créneau, il n’en est pas moins resté que l’obstacle à surmonter au départ était l’opacité administrative d’une procédure récente -cela s’est du reste amélioré depuis 2006. La réduction de 50 % grâce à la déduction d’impôts n’est bien entendu possible qu’à condition que l’entreprise mandataire soit conforme aux exigences de l’Etat. Monter puis faire suivre le dossier de notre SARL auprès de la commission d’agrément nous a pris deux mois, au cours desquels nous avons dû repérer les personnes à contacter pour faire avancer le projet, mais surtout établir solidement nos arguments pour justifier de notre crédibilité : politique tarifaire, clauses du contrat, assurance que le service offert le serait exclusivement aux particuliers, qualité du recrutement des formateurs…
Quelles sont vos pistes de développement ?
Nous ciblons notre public. Parmi nos diverses stratégies, nous entreprenons, par exemple, de contacter des comités d’entreprises pour proposer nos services par leur intermédiaire à des gens dont l’activité professionnelle les confronte à un besoin de formation.
Quelles leçons avez-vous retirées du concours Graines de Boss ?
Face à des concurrents pour la plupart issus d’écoles de commerce, nous avons eu la satisfaction de montrer que nous ne sommes pas des informaticiens enfermés dans notre spécialité, mais que nous pouvons ajouter de nouveaux aspects à nos fondamentaux. Notre compétence technique comptait dans le projet, mais il est bien évident que le lancement de Progresseo, dont l’activité concerne en grande partie la formation des néophytes, demandait d’abord des qualités humaines d’initiative et de lucidité plutôt que des connaissances scientifiques. Il faut dire que notre scolarité à Epita prévoit une ouverture sur le management, avec des cours de droit, de création d’entreprise, de communication, ou encore de gestion de projet… Le lancement de Progresseo est pour nous la preuve que nous sommes également capables de mettre à profit nos qualités dans un domaine qui ne soit pas l’informatique pour l’informatique, mais l’informatique pour les autres.
Interview d’Hadrien Marchand et Dimitri Rouil :
Hadrien, avec vos trois amis, vous avez remporté le concours Graines de Boss pour votre projet Progresseo. Qu’est-ce qui vous a poussés à être candidats à ce concours ?