Interview de Jimmy Barens d’Adobe
Jimmy Barens est un ancien de l’Epita, travaillant aujourd’hui pour Adobe depuis neuf ans. Il faisait partie des conférenciers le vendredi 6 octobre, pour la semaine de conférences technologiques.
Comment s’est passée votre conférence qui vient de se terminer ?
La conférence s’est bien déroulée, d’autant plus que le sujet qui y a été développé est dans l’air du temps. Globalement, on peut le diviser en deux points :
– Toute l’expérience riche, côté utilisateur, de ce qu’on appelle le web 2.0, ainsi que les Rich Internet Applications (RIA)
– Le travail collaboratif en temps réel, le web-Conferencing ainsi que le partage de documents Cette dernière technologie est issue du rachat par Adobe de Macromedia en 2005. Enfin, lors de cette conférence, nous avons aussi parlé, un petit peu en avant-première, du lancement de la dernière version de notre logiciel phare Adobe Acrobat 8. Cette rencontre d’étudiants n’est pas la première pour moi : je participe à ces conférences depuis 1994, cela fait maintenant douze ans en tant qu’ancien de l’Epita.
Quelle était l’attention de votre auditoire ?
En fonction des sujets, l’attention des étudiants a tendance à varier un peu. Le pic d’attention et d’intérêt de leur part concernait tout ce qui était lié au web 2.0 et en particulier les technologies Adobe Flex et Ajax. C’est normal, car la plupart d’entre eux connaissent le sujet, nous avons donc eu une belle montée d’audience à ce moment.
Les trois intervenants d’Adobe, Florent Pajani, Jimmy Barens et Lionel Lemoine.
Les étudiants vous ont-ils semblés intéressés par le sujet développé ?
Nous avons eu plusieurs questions techniques de la part des élèves, auxquelles nous étions préparés… Ce n’est pas ma première conférence pour l’Epita, et je suis un ancien de l’école, je savais donc à quoi m’attendre. Mes deux collègues ont donc été briefés en conséquence.
Cependant, mon audience habituelle, et les interlocuteurs que je vois régulièrement, ce sont des PME, des industries, et pas du tout des étudiants.
Que pensez-vous de cette semaine de conférences avec des entreprises ?
Je pense que c’est important pour l’étudiant. Apprendre, c’est bien, mais avoir une vision du marché réel, c’est indispensable. La théorie uniquement ne saurait décrire le marché du travail. Concernant les forums organisés également par l’Epita, je pense que c’est assez différent des conférences. L’objectif déjà est bien distinct : le forum cherchera plutôt à connecter les entreprises aux étudiants, et la finalité est plus claire, il s’agit véritablement de trouver des stages. De leur côté, les conférences permettent surtout de partager les dernières technologies et l’actualité récente.
Ceci étant, je trouve qu’il existe une formule qui serait encore meilleure pour les étudiants. J’aimerais que soit organisée une sorte de table ronde, pour faire place à une discussion, un vrai débat sur des idées. Tout le principe reposerait sur la confrontation des intervenants, provenant de sociétés différentes, le tout sans agressivité. Je pense que cet échange collectif serait excellent pour tout le monde.
Pourquoi avoir choisi de réaliser cette conférence ?
Cette école m’a formé, et elle m’est chère. En conséquence, je participe par cette conférence à la vie de cette école. J’ai envie qu’elle fonctionne bien. D’autre part, en tant que professionnel travaillant chez Adobe, cette rencontre des étudiants permet déjà d’identifier, voire de recruter des personnes pour mon entreprise, ou son écosystème, c’est-à-dire toutes les SSII et sociétés qui gravitent autour.
Néanmoins, je n’ai pas d’objectif de recrutement car il s’agit d’un effort constant sur l’année. Il faut plutôt voir ces événements comme une prise de contact avec les bonnes personnes. Un échange de bons procédés en quelque sorte.
Quel profil d’étudiants serait susceptible de vous intéresser ?
Qui se ressemble s’assemble… Je recherche des communicants, des gens qui ont de l’énergie et du punch. J’exige, pour travailler avec moi, une volonté de bien faire, un esprit critique ainsi qu’une grosse autonomie. Enfin, les compétences et la technicité sont nécessaires, et la curiosité ajoutée à l’indépendance deux qualités idéales.
Quelle est votre fonction au sein d’Adobe ?
Chez Adobe, je suis Directeur Avant-Ventes (PreSales) pour toute la région de l’Europe de l’Ouest. Mon rôle est un peu celui d’un directeur technique en charge d’animer une équipe d’ingénieurs technico-commerciaux. Je représente le liant entre le besoin fonctionnel du client et la technique que nous proposons.
En quoi cela consiste t-il ?
J’ignore le niveau de technicité de tout nouveau client, mon travail est de comprendre « à la volée » ce niveau. Ce travail exige d’être très à l’écoute, de savoir reformuler un besoin donné. Il faut également savoir faire preuve d’empathie, d’une évidente qualité de communication, et en conséquence aimer le contact. C’est un challenge permanent, et chaque fois une découverte.
Quel est votre cursus scolaire ?
Après mon Baccalauréat E, je suis entré dans la prépa intégrée de l’Epita. J’avais choisis la filière GLISI, qui s’appelle dorénavant SIGL, parce que je la trouvais suffisamment large et consistante pour traiter un maximum de domaines. Je ne savais pas encore ce que je voulais faire avec certitude, cependant je trouvais intéressant l’aspect méthodologie. Je suis sorti diplômé de l’Epita en 1994.
Avez-vous participé à la vie de l’Epita au travers de ses associations ?
A l’origine j’étais vraiment très timide, et grâce aux différentes assos je me suis découvert un besoin de communiquer. Cela a été un déclencheur : les associations de l’Epita m’ont révélé ! J’ai crée le BDE des prépas intégrés, baptisé « Brainstorm » à cette époque. J’ai ensuite fait partie du BDE du cycle ingénierie. Plus tard, j’ai participé plus activement à l’association Prologin, puis, plus tard, à celle des anciens élèves.
Qu’avez-vous ressenti lors du passage d’étudiant à actif ?
Cela s’est déroulé de façon très fluide. Le stage de dernière année m’a aidé : je n’ai pas ressenti de problème pour passer d’un monde à l’autre. A vrai dire, j’étais même pressé. Je me disais qu’il était temps qu’enfin je me lance parmi les actifs.
Pour résumer, cela ne m’a pas posé de problème, sauf peut être l’anglais à la limite. Et ce point a été radicalement amélioré lorsque j’ai travaillé pour des sociétés étrangères. Depuis, lorsque les personnes anglophones avec qui je travaille depuis quelques temps découvrent que je parle français, et comme en plus mon nom a une sonorité anglaise, ils me disent : « Ha tiens, tu parles bien français !… » (rires)
Avant Adobe, quel parcours professionnel avez-vous tracé ?
Mon stage de fin d’études s’est déroulé chez Xerox, et à la suite de ce dernier ils m’ont engagé pour trois ans. Il s’agissait déjà d’un travail d’avant-ventes. Au cours de ces années, j’ai eu l’occasion de participer à la fondation en France de Xsoft. La seconde société que j’ai intégrée est Decan, qui a ensuite changé de nom pour s’appeler Sword. J’ai occupé pendant deux années le poste de chef de projet, sur le thème de la documentation technique. J’avais déjà, à l’époque, adopté le format de fichiers PDF d’Adobe. J’ai notamment eu l’occasion de travailler pour le compte de clients comme Renault ou Fiat.
Pourriez-vous me détailler votre évolution au sein d’Adobe ?
En 1998, c’est là que mon aventure chez Adobe commence. J’ai grandi chez Adobe depuis neuf ans : j’ai beaucoup évolué dans cette société, je vais essayer de résumer. Au tout début, j’ai eu une opportunité que j’ai saisie, une création de poste d’avant-vente sur deux produits émergeants d’Adobe, FrameMaker et la gamme Acrobat. Une année et demie plus tard, j’occupais le poste de Business Developpement Manager au niveau européen pour deux ans, ce qui m’obligeait à voyager en permanence.
Puis, la vie de famille étant chamboulée par l’arrivée de mon fils, j’ai décidé de calmer un peu ces déplacements pour devenir Directeur Commercial Entreprise pour la France, pendant une année, avant de passer Directeur Partenaires et Services. Enfin, la dernière étape depuis deux ans maintenant, je travaille en tant que Directeur Avant-Ventes pour l’Europe de l’Ouest.
Quelle motivation vous a poussé à choisir cette société ?
Je connaissais déjà bien les produits d’Adobe. D’autre part, il y a un « esprit Adobe » qui est assez similaire à « l’esprit Epita » que j’ai connu. C’est un peu l’esprit startup : « Work hard, Play hard », on travaille dur mais avec le sourire. J’avais besoin de ça, et Adobe représentait cette adéquation. Aujourd’hui encore, je suis fier de cette entreprise qui est la mienne, et je suis un de ses plus fervents promoteurs : nous avons les technologies les plus excitantes du marché.