L'innovation
Recherche : Dernières actus du LRDE à l’Epita
10/11/2006
Plusieurs publications scientifiques récentes ont été réalisées par le Laboratoire de Recherche et Développement de l’Epita (LRDE), dont certaines ont été primées. Pour en savoir plus sur ces dernières actualités du laboratoire, Thierry Géraud et Didier Verna, enseignants chercheurs au LRDE, répondent à nos questions :
Quelle est la fonction du LRDE ?
Nouveau doctorant au LRDE !
« Model checking réparti ». C’est ainsi qu’est baptisée la thèse d’Alexandre Hamez, sous l’encadrement d’Akim Demaille du LRDE. Diplômé d’un master Systèmes et Applications Distribués de l’université Pierre et Marie Curie (Paris VI), le nouveau doctorant débute sa thèse au sujet d’une « technique de vérification formelle permettant de prouver que le comportement d’un système est correct ».
Didier et Thierry : Le LRDE est un laboratoire de recherche qui a été créé en 1998 afin de proposer aux étudiants une approche de ce domaine en côtoyant des enseignants-chercheurs en activité, et une implication dans des projets de recherche, notamment grâce à l’option de spécialisation CSI dans leur cursus à l’Epita. Ainsi, certains étudiants auront la possibilité de choisir une formation de troisième cycle. Enfin, un des objectifs du LRDE est aussi de mettre en avant la recherche à l’Epita dans les milieux scientifiques. Le LRDE, aujourd’hui dirigé par Akim Demaille, est composé de huit enseignants-chercheurs permanents, et de quelques dizaines d’étudiants qui collaborent avec les chercheurs.
Quand et comment avez-vous intégré le LRDE ?
Didier : Je suis entré en 2001, en tant qu’enseignant-chercheur, comme à peu près tout le monde ici. Mon travail de recherche est couplé à l’enseignement sur l’école, en majorité les classes du cycle ingénierie, mais aussi ponctuellement les classes du cycle préparatoire. Enfin, mon rôle ici est également de faire travailler et d’encadrer les élèves du laboratoire, en coordination avec Akim Demaille.
Thierry : J’ai été embauché à la fin de l’année 1997 afin de créer ce laboratoire. J’ai ainsi pu recruter une équipe, au rythme moyen d’une personne par an. Le mode de fonctionnement du LRDE n’a pas fondamentalement changé ; en revanche, le volume de sujets traités et réalisés a évidemment augmenté en conséquence. Au début, nous n’avions qu’une poignée de sujets de recherche, contre une dizaine actuellement.
Quels sont vos centres d’intérêt et projets de recherche actuels ?
Didier : Les miens s’articulent sous trois points majeurs :
- La programmation fonctionnelle
Il s’agit d’un paradigme de programmation, c’est à dire une orientation particulière dans l’expressivité que l’on donne à un langage. Pour résumer, en fonction du langage, certains concepts sont exprimables avec plus ou moins de facilité. - La synthèse d’images
Pour ce dernier point, il ne s’agit plus vraiment de recherche, mais plutôt de développement et d’enseignement au sujet de l’infographie.
Thierry : De mon côté, on trouve deux sujets de prédilection :
- Le calcul scientifique performant
Le but premier est que les scientifiques puissent exprimer leurs programmes facilement, surtout les abstractions qu’ils manipulent, et cela sans perte de performance. Un autre objectif important est de réussir à prendre en compte le fait que les données manipulées par les scientifiques sont de natures très différentes. - Le traitement d’images avec « Olena »
Il s’agit de construire une boîte à outils destinées aux traiteurs d’images et, bien entendu, de l’utiliser. Ce projet existe depuis les débuts du LRDE.
Quelle est l’actualité du laboratoire de recherche vous concernant ?
Didier : Deux articles dont je suis l’auteur ont été primés cet été. Ils concernent Lisp, un langage de programmation peu utilisé, mais pourtant exceptionnel à mon sens. Défendre ce langage et son utilisation est un petit peu mon cheval de bataille…
Les articles en question démontent les préjugés qui prétendent que Lisp est un langage lent, et prouvent au contraire que c’est un langage aussi performant que peut l’être le langage C par exemple. Bien que cela soit quelque chose de connu au sein de la communauté des utilisateurs de Lisp, il n’existait pratiquement pas -jusqu’à ce jour- de preuve concrète, empirique, à présenter au plus grand nombre. C’est probablement pour cette raison que ces articles ont été primés.
Outre démonter le préjugé de la lenteur, mon objectif était aussi d’accroître encore les performances du langage, soit en contribuant à l’amélioration des compilateurs « open-source » (j’ai une sensibilité particulière pour le logiciel libre), soit en mettant en évidence les faiblesses de leurs concurrents propriétaires, afin de pousser les vendeurs concernés à améliorer leurs produits. Ces articles balisent un travail de recherche qui entre dans sa deuxième année.
Thierry : Récemment, deux articles scientifiques ont été publiés :
- Le premier concerne le projet EFIGI, dont l’objectif est d’établir un catalogue des galaxies connues pour, à terme, avoir une meilleure connaissance de l’espace. Ce projet se déroule sur trois ans et s’inscrit dans un projet plus vaste nommé Terrapix, piloté par l’Institut d’Astrophysique de Paris. Par ailleurs, notre participation à ce projet est subventionnée par le ministère de la Recherche.
- Le second article concerne le traitement d’images par morphologie mathématique. L’application concrète de nos travaux est que les robots réussissent à comprendre et interpréter leur environnement en temps réel. Je m’y consacre spécifiquement depuis deux ans avec plusieurs étudiants du laboratoire.
Pourquoi êtes-vous tous les deux devenus chercheurs ?
Didier : Je suis curieux de nature et cela me correspond. Tous les chercheurs, Thierry et moi inclus, adorent apprendre de nouvelles choses.
Thierry : De mon côté, j’adore les problèmes difficiles, surtout quand on sait qu’ils n’ont pas forcément de réponse. J’aime aussi l’enseignement, que ce soit en amphi ou, plus intimement, avec les étudiants du laboratoire.
Didier : Oui, l’enseignement va de pair avec la recherche : il n’y a rien de tel que d’enseigner pour s’obliger à être très clair et très structuré sur les connaissances que l’on diffuse. D’autre part, c’est un très bon moyen de parler de ses recherches.
Thierry : Et puis, je dois bien avouer que je ne conçois pas travailler dans l’industrie informatique, en costume…
Didier : Moi non plus… (rires partagés)