« TIC 2025 » le livre : interview de Yannick Lejeune
Yannick Lejeune, directeur Internet du Groupe IONIS, a coordonné l’ouvrage édité à l’occasion des 25 ans de l’EPITA. Il revient sur la genèse du livre et en dévoile les grandes lignes. Entretien.
Il y a presque une année, l’EPITA décidait de fêter ses 25 ans de manière mémorable avec un livre, comment s’est fait ce choix ?
L’EPITA s’est organisée pour devenir l’un des leaders de l’ « intelligence informatique », une discipline assez neuve qui vise à décrypter et à réfléchir les Nouvelles Technologies au-delà du simple aspect technophile pour aller anticiper les impacts sociétaux et économiques des Technologies de l’Information et de la Communication. Plutôt que de retracer les 25 ans passés et de regarder en arrière, nous avons décidé de prendre du recul pour préparer l’avenir. L’écueil aurait été de nous centrer sur l’actualité ; nous avons préféré contribuer à la réflexion prospective. Au fond, il est bien là le rôle de l’ingénieur que forme l’EPITA : vivre la maitrise technologique tout en ayant le recul nécessaire sur la passion pour pouvoir inventer, réfléchir et évaluer l’impact de l’innovation sur le monde demain. Dans cet univers où tout devient numérique, il reste à déterminer les règles, les limites et les frontières, nous pensons que le fait d’être acteur de cet écosystème passe par la prise de position. C’est pourquoi cet ouvrage, également disponible en ligne, propose les participations de 25 contributeurs qui ont un avis et qui ne se contentent pas de constater l’état des choses.
Comment s’est faite la sélection des auteurs ?
Le panel d’experts que nous avons élaboré privilégie volontairement l’éclectisme des profils. Certains sont investisseurs, d’autres managers, il y a des informaticiens, des sociologues, des chercheurs, des élus, etc. Ils viennent de tous horizons. Cela donne une belle diversité d’opinions. D’ailleurs, si certains textes peuvent interroger, d’autres pourraient gentiment heurter du fait des positions défendues. Mais c’est ce que nous aimons : un débat ouvert fait d’idées disparates, ni gratuites, ni facilement polémiques, mais pas forcément consensuelles.
Est-ce un livre réservé aux ingénieurs ?
Surtout pas ! L’objectif est au contraire d’amener des personnes aux profils différents à échanger des idées et des points de vue enrichissant la réflexion. A ce titre, nous avons réalisé ce livre en pensant à ceux qui veulent enrichir leur vision du futur pour mieux y naviguer, quels qu’ils soient. Il s’adresse à tous, aux professionnels qui veulent anticiper leur marché, aux étudiants qui s’interrogent, aux chercheurs qui veulent contribuer au savoir, aux élus qui veulent mieux piloter et réguler, aux citoyens qui veulent comprendre la société dans laquelle ils évoluent et agir en conscience.
Quelles en sont les grandes idées ?
Difficile de résumer plus de 200 pages d’idées en quelques lignes. Au niveau global, on peut citer la pénétration forte du numérique dans tous les secteurs, le rétrécissement de la planète du fait de la disparition des frontières dans le monde virtuel et de la vitesse des échanges et du coup, le renforcement de l’interdépendance des acteurs mondiaux. Au niveau personnel, il est certain que l’individu doit maintenant se poser la question de son identité numérique. Bien qu’elle lui donne de nombreux pouvoirs tels que l’accès instantané à la connaissance et à de nombreux services, cette « mise en réseau » pose également des questions sur le respect de la vie privée et la définition de la personne. Et puis, du point de vue économique, on se pose des questions sur la gratuité et la dématérialisation des biens culturels, sur les écosystèmes d’entreprise, sur l’égalité des chances et la fracture numérique, sur la désintermédiation qui brise les chaines de valeur existantes. Dit comme cela, tout ceci peut paraitre complexe et jargonneux mais je pense que nous avons réussi à rendre toutes ces questions plus claires et accessibles dans le livre.