L’ergonomie au centre du développement
Le 21 mai, l’EPITA recevait quatre enseignants de l’Université de Rotterdam et de l’Université de Bruxelles pour animer un atelier en anglais sur l’ergonomie et les tests logiciels en collaboration avec deux intervenants français. Une centaine d’étudiants des options GISTR, MTI, SCIA et TCOM ont ainsi pu aborder ces sujets dans un cadre international que l’école développe de plus en plus à l’intérieur même de son campus.
Anne Van Brussel, enseignante à l’Université de Rotterdam, était invitée sur le campus de l’EPITA pour donner des cours aux étudiants. La thématique de son intervention était l’ergonomie ("usability"), un domaine à ne plus négliger désormais quelque soit le programme développé.
"L’ergonomie des sites Web et des programmes informatiques doit être au centre de nos préoccupations, tel est le message que je veux faire passer à mes étudiants. Si un utilisateur d’un site ne peut atteindre son but simplement (acheter un billet de train, démarrer une application GPS sur un smartphone), quelque soit le degré de technologie, quelque soit le niveau d’innovation du projet, celui-ci est à revoir. Les étudiants doivent intégrer le fait qu’ils ne sont pas uniquement des développeurs mais des utilisateurs en puissance de leurs propres programmes.
J’insiste bien sur ce point car l’immense majorité d’entre eux ne réalisent pas l’importance d’une bonne ergonomie : leur compétence technique est si pointue qu’ils en oublient l’utilisateur lambda (âgé ou pas, technophile ou pas, récurrent dans son utilisation 2.0 ou pas) et ne se mettent pas à sa place. La clef d’un programme réussi réside dans l’effort intellectuel à fournir pour se mettre à la place d’un futur utilisateur, le plus près possible de ses préoccupations…et de ses limites, aussi.
Dans un avenir proche, les développeurs devront apprendre à progresser dans leur élaboration en compagnie d’utilisateurs, dès les premiers pas d’un projet. Ils découvriront (parfois avec stupeur) que ce qui semble évident pour eux ne l’est absolument pas pour l’usager. On veut faire simple et mon client attend des boutons élaborés…ou l’inverse.
La première réaction des étudiants, souvent, quand je leur parle de cette collaboration en vue d’améliorer leur travail est l’étonnement, voire la stupeur ou l’effroi : "Collaborer ? Moi ? Mais je suis le créateur !" mais peu à peu l’idée s’impose à eux et ils la comprennent. J’illustre toujours mon propos par cet exemple simple : quand j’achète une voiture, j’attends qu’elle soit testée en centre avant ses premiers kilomètres sur autoroute, évidemment. Je n’ai pas à découvrir l’efficacité des freins sur route mouillée par hasard…et évidemment tout cela est prévu par des ingénieurs. Mais les logiciels informatiques, non, l’usage commun, tolère qu’ils soient livrés en version béta, plein de bugs et vendus tels quels ! Etonnant, non ? Pourquoi dois-je le tolérer sur un logiciel alors que je le refuserais pour mon véhicule ? Ils ont bien compris l’intérêt de cette collaboration !"