Deux médailles françaises aux Olympiades Internationales d’Informatique
Mathias Hiron, ancien élève de l’EPITA et président de l’association France IOI, qui prépare les candidats français, revient sur ces résultats.
Les Olympiades Internationales d’Informatique, l’une des compétitions d’informatique les plus reconnues au monde, se sont déroulées cette année du 14 au 21 août à l’Université de Waterloo dans l’Ontario au Canada. Elles ont opposé 80 équipes nationales composées d’élèves du secondaire, autour de ses traditionnelles épreuves de programmation et d’algorithmique.
Vous avez accompagné l’équipe de France tout au long de la compétition. Comment s’est comportée la délégation française ?
Nous sommes contents des résultats. L’équipe de France a obtenu cette année deux médailles : une médaille d’argent pour Simon Forest, qui entre en classe préparatoire et une médaille de bronze pour Paul Kirchner, qui entre en terminale. Amaury de la Vieuville, élève de terminale, et Jules Pondard, élève de 3e, ont obtenu un score honorable pour leur première participation. Il s’agit de la 5e médaille d’argent obtenue par la France depuis que nous participons au concours. Il ne manquait pas grand chose pour que tous nos candidats décrochent une médaille, ce qui est notre principal objectif chaque année. Mais cela reste un très bon résultat pour un pays où l’informatique est très peu enseignée au lycée. Le gagnant des IOI, Gennady Korotkevich, est un jeune Biélorusse, qui avait déjà terminé premier l’année dernière. Il en est à sa quatrième médaille d’or et il peut encore participer l’année prochaine. Il était très impressionnant de suivre sa progression pendant la compétition.
Comment la préparation donnée par votre association sur votre site web et à EPITA les a-t-elle aidé à obtenir ces résultats ?
Les candidats s’entraînent toute l’année sur notre site web. Ils ont résolu plus de 200 sujets chacun avant de partir aux Olympiades. EPITA n’intervient pas directement dans la préparation, mais l’école nous soutient financièrement et nous donne accès à ses locaux. Si les candidats apprennent souvent à programmer par eux-mêmes avant de s’entraîner avec nous, ils ont acquis la plupart de leurs connaissances et leur expérience en algorithmique par l’intermédiaire de notre entraînement. Ils sont tous passionnés par l’algorithmique et notre préparation est la seule véritable ressource francophone à leur disposition pour s’entraîner.
Concernant la compétition, quelles étaient les innovations de cette année?
Il y avait plusieurs nouveautés. La principale était destinée au public : la compétition pouvait être suivie en direct sur internet. Suivre la progression de tous les candidats en temps réel était passionnant : d »une part via un flux vidéo commenté montrant la salle de compétition, et d’autre part, via un tableau des scores mis à jour en direct au fur et à mesure que les candidats soumettaient leurs programmes. Avant, les résultats complets n’étaient connus que lors des remises des prix. De plus, les sujets eux-mêmes étaient accessibles au public dès le début des épreuves, avec pour certains sujets, une version « jouable » sur internet, permettant aux non-initiés de mieux comprendre la difficulté des sujets.
Les autres nouveautés concernaient la compétition elle-même : les programmes des candidats n’étaient par exemple plus seulement notés en fonction de leur vitesse d’exécution, mais selon le nombre d’appels à certaines fonctions fournies pour chaque sujet. Les candidats pouvaient soumettre leurs solutions pendant l’épreuve et connaître immédiatement les résultats, ce qui réduisait le risque de laisser des bugs sans le savoir (les années précédentes, ils ne pouvaient valider leur programme que sur une petite partie des tests). Le système était par contre moins tolérant : un bug signifiait en général une note de zéro, là où les années précédentes, on pouvait malgré tout obtenir des points sur les tests dans lequel le bug ne se révélait pas.
Comment envisagez-vous l’année prochaine?
Nous prévoyons d’organiser la sélection plus tôt l’année prochaine, notamment parce que les Olympiades, qui se dérouleront en Thaïlande, auront lieu dès juillet. Nous avons prévu un premier concours ouvert à tous les 19 et 20 septembre, puis un stage intensif à EPITA durant les vacances de la Toussaint. La finale des olympiades françaises, lors de laquelle s’effectuera la sélection de l’équipe 2011, se déroulera au mois d’avril. Nous avons également prévu diverses nouveautés pour faire évoluer notre site, pour faciliter l’entre-aide parmi les candidats d’une part, et d’autre part pour inciter plus de jeunes à se mettre à l’algorithmique.
Site de l’association France-IOI : www.france-ioi.org
Sites des Olympiades: www.ioi2010.org; www.ioinformatics.org