HumanKindWall : le premier monument du Web
Quatre étudiants de l’école ont participé à la création d’une mosaïque interactive de cent millions d’emplacements à visiter et à remplir de contenus multimédias.
« Un soir, nous nous sommes réuni tous les quatre et nous nous disions qu’aucun monument n’existait sur le web, que c’était l’avenir des monuments de se construire avec des méthodes contemporaine et nous en sommes arrivés à l’idée de bâtir ensemble un monument web contenant l’ensemble des contenus multimédia de l’Histoire. Une sorte d’exposition universelle numérique, le symbole de la génération digitale… », raconte Thibaud Arnault, étudiant en 5e année à l’EPITA, architecte et chef de projet de HumanKindWall.
HumanKindWall, espace de constitution d’une mosaïque interactive, est sorti de l’imagination de quatre étudiants – Thibaud Arnault, Arnaud Richard (EPITA promo 2012), Mehdi Medjaoui (ingénieur INSA Lyon) et Samir Boulhram (Web designer effectuant un master informatique à l’université de Jussieu). L’idée, une fois conçue, a été développée dans le cadre du projet libre d’innovation et de communication (PLIC) de la majeure multimédia et technologies de l’information (MTI) de l’EPITA. Franck de Vedrines et Antony Cohen (EPITA promo 2012) ont rejoint l’équipe en janvier dernier, quatre mois après le commencement de l’opération.
Une pyramide 2.0
Il s’agit avant tout d’un projet collaboratif. « Chacun peut contribuer à cette mosaïque interactive en postant des textes, des photos, des musiques ou des vidéos jugés à portée culturelle, artistique ou historique, explique Thibaud. Que ce soient les œuvres classiques ou ses propres créations, les faits de l’Histoire ou les faits de sa propre histoire, les savoirs ancestraux ou son expérience personnelle, l’internaute se trouve en mesure de présenter tout ce qu’il trouve digne de rester dans la mémoire de l’Humanité et le laisser gravé dans ce monument numérique. »
Cette « œuvre d’une génération » a pour ambition de perpétuer la tradition des grands monuments collectifs, en référence aux pyramides d’Egypte, au Colisée ou encore à Notre-Dame de Paris en rassemblant les digital natives et autres geeks autour d’un projet commun à caractère symbolique.
Une mémoire collective en évolution
Pour l’agence DDB, « il serait impensable de visiter un musée sans aucune explication sur les œuvres présentées. Il en va de même ici : le contributeur aura donc l’occasion d’expliquer sa contribution, d’apporter sa vision et son ressenti par rapport à ce qu’il partage, une réelle plus-value. » En réponse, chaque visiteur peut, à l’aide d’un bouton dédié, montrer s’il est d’accord ou pas avec l’explication présentée. Un débat argumenté s’installe alors et rend les œuvres accessibles, interactives et ludiques.
Etant donnée la nécessité de communiquer pour réaliser de grands projets collaboratifs, cet outil dédié aux contributeurs possède en plus les fonctionnalités qui ont fait le succès des réseaux sociaux. Mur d’actualités, notifications en temps réel, abonnements et abonnés, galeries artistiques, favoris, messagerie interne… tout est là pour fédérer les « bâtisseurs » et ainsi éviter une fin similaire au mythe biblique de la construction de la Tour de Babel.
« Si un contenu vous plait, vous cliquez dessus et vous pouvez le lire, puis donner votre opinion dessus et le commenter. Si le contenu est vide, vous êtes invités à déposer votre œuvre numérique, à la décrire et expliquer votre opinion dessus, précise Arnaud Richard. On visite le monument en se déplaçant sur la mosaïque de la même manière que sur une carte routière sur Internet ou Google maps, en glissant sa souris dans toutes les directions. »
Des projets ambitieux de développement
Le fait que HumanKindWall soit développé dans le cadre des PLIC permet aux étudiants de faire progresser leur travail de façon plus intensive, avec l’accompagnement de l’équipe pédagogique. Pour Cyril Reinhardt, directeur de la majeure MTI, « ce projet permet aux élèves de faire face à de nombreux enjeux culturels et juridiques dans les domaines notamment des droits d’auteur, de la culture numérique et de l’art multimédia. Création d’activité, gestion de projet, gestion d’équipe… Les difficultés sont autant d’ordre technique que de communication et d’organisation. »
Les débuts de HumanKindWall, depuis sa sortie le 28 juillet, sont encourageants. Alors qu’il n’en est encore qu’à sa version bêta technique, le site a reçu à peu près dix mille visites. Que ce soit Le Monde, Télématin sur France 2, le blog du ministère de la culture, le MOuv’ ou encore Infojeunes, les médias ont largement relayé son ouverture sur la toile. « A court terme, nous souhaitons stabiliser la version bêta en enlevant les bugs reportés, dynamiser le côté social du site et ajouter les dernières fonctionnalités clés pour une première version professionnelle, explique Thibaud Arnault. A moyen terme, nous comptons ouvrir des mosaïques dans d’autres langues et notamment en anglais, en espagnol, en allemand, en arabe, en russe, en japonais et en chinois. A long terme, nous souhaitons établir des partenariats avec des diffuseurs tels que Ina.fr, les archives nationales, le centre de la cinématographie pour donner accès aux visiteurs à du contenu de plus haute qualité culturelle. Nous projetons également de poursuivre le développement technique de HumanKindWall – avec une version tablette tactile par exemple, d’étendre l’internationalisation du réseau social d’opinions et d’établir des partenariats officiels avec Google, Youtube ou Dailymotion. »