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Eco-innovations de rupture : la solution à la crise écologique ?

Lors du colloque Green IT du 20 octobre dernier à l’EPITA, les intervenants ont présenté et confronté leur point de vue sur les éco-innovations de rupture.

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Croissance exponentielle de la population mondiale, écroulement de la biodiversité, épuisement des ressources non renouvelables, réchauffement climatique global, crise économique et sociale majeure… Le contexte actuel appelle des réactions fortes sur le plan environnemental, économique et social. Le développement durable, défini par le rapport Bruntland de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU (1987) comme la réponse « aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. » n’aura jamais paru autant nécessaire, sous la forme de trois engagements indissociables : la préservation de l’environnement, l’équité sociale et l’efficacité économique.

Si les plus chevronnés militent pour un changement sociétal profond et une rupture avec le système actuel, il est pourtant possible sans révolution de faire de vrais pas en avant vers un développement plus durable. Dans cette mutation, les nouvelles technologies, notamment à travers les éco-innovations de rupture, peuvent jouer un rôle non négligeable. Les intervenants du 20 octobre – représentants d’entreprises technologiques, ingénieurs et observateurs spécialistes du Green IT – ont tenté de le démontrer lors du colloque.

2Green IT Bordage.jpgAu service du développement durable

« Deux approches complémentaires existent pour répondre à ces défis : l’efficience, qui consiste à faire plus avec moins et l’efficacité, qui consiste à faire autrement, explique Frédéric Bordage, fondateur du blog GreenIT.fr. La démarche axée uniquement sur l’efficience des processus existants n’est pas suffisante. Il faut axer les éco-innovations sur des changements de comportements grâce à de nouveaux modèles. »

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Ces éco-innovations de rupture sont caractérisés par deux concepts récurrents : la mutualisation et la gestion par exception. Covoiturage, cloud computing, consommation collaborative… la mutualisation consiste à partager les moyens entre les utilisateurs pour augmenter le taux d’utilisation afin de réduire l’empreinte économique et écologique. Quant à la gestion par exception, elle mesure les paramètres clés d’un processus pour pouvoir inverser la logique de gestion. Comme dans le cas du smart building, qui permet d’éviter les surconsommations d’énergie en alignant l’offre sur la mesure des besoins en temps réel…

Les éco-innovations de rupture agissent idéalement à tous les niveaux au sein de l’entreprise. « C’est ce que montre le cas de l’informatique orienté développement durable, affirme Frédéric Bordage. Au premier niveau, l’entreprise peut viser la réduction de l’empreinte écologique, économique et sociale de son système d’information. Au deuxième niveau, les logiciels utilisés dans le cadre de ce système d’information peuvent être développés dans l’optique de réduire l’empreinte écologique, économique et sociale de l’organisation physique de l’entreprise. Enfin troisième et dernier niveau, les logiciels utilisés peuvent accompagner les changements d’usage des employés. »

2Green IT Tournée.jpgDes mutations en ville et dans l’entreprise

A l’échelle de la ville comme à l’échelle de l’entreprise, les éco-innovations de rupture permettent de véritables mutations. Ainsi la création d’un système de télé-relève de niveau pour conteneurs de déchets a permis à BH-Environnement, société spécialisée dans le développement d’outils techniques répondant aux besoins des collectivité locales, de réduire l’empreinte écologique de la collecte des déchets pour la ville d’Ajaccio (Corse). « Le recours à ce système a permis à la ville d’optimiser les parcours de ses camions en réduisant de 20 % le nombre de kilomètres parcourus et en réduisant de 40 % le nombre d’heures d’activité de collecte », précise Claude Habib, directeur commercial de BH Environnement.

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Certaines entreprises, telles que le leader mondial des réseaux Cisco, mettent les nouvelles technologies au service d’une politique ambitieuse de développement durable installé au cœur de leur stratégie. « L’extension de la pratique du télétravail via le déploiement de réseaux sans fil, l’accès sécurisé au réseau d’entreprise depuis le domicile, la vidéoconférence ou bien encore l’aménagement d’espaces flexibles a permis d’optimiser la productivité de chacun tout en rendant le travail plus collaboratif, plus continu et plus souple, explique Olivier Seznec, le directeur technique de Cisco. Le nomadisme est devenu une sorte d’éthique durable et a permis l’association du développement de nouvelles pratiques, d’une économie d’énergie et d’une économie de coûts. »

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Accompagner le changement climatique

Certaines entreprises sont même entièrement développées sur le principe d’une éco-innovation de rupture. C’est le cas de Climpact, société de business intelligence climatique dont le but est d’intégrer la météo dans l’activité des entreprises. « Deux aspects sont à prendre en compte, explique Harilaos Loukos, co-fondateur de Climpact. Un aspect long terme sous lequel il s’agit de considérer l’adaptabilité de l’entreprise en fonction de sa vulnérabilité au changement climatique. Et un aspect court terme qui consiste en l’utilisation d’une solution technologique permettant de prendre en compte le paramètre technologique dans la gestion au quotidien de l’entreprise. »

Le secteur de la grande distribution représente un exemple particulièrement marquant de l’utilité d’un tel système. « La météo influence fortement le comportement d’achat des consommateurs, allant jusqu’à expliquer 100 % de la variation de la demande, selon Harilaos Loukos. Les variations par rapport aux normales saisonnières sont de plus en plus significatives, détériorant plus de 80 % des prévisions d’activité. » Favoriser ainsi le fait d’avoir dans ses rayons le bon produit, à la bonne quantité, au bon moment représente pour une enseigne de supermarché un bénéfice à la fois économique, écologique et social.

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L’EPITA a déjà organisé deux évènements Green IT en 2009 et 2010. Le premier portait sur le thème du « Green IT 1.0 / Green for IT » et le deuxième sur « Les logiciels au service du développement durable ». Pour Joël Courtois, le directeur général de l’EPITA, « L’organisation chaque année d’un colloque faisant le lien entre nouvelles technologies et développement durable fournit un axe essentiel de travail pour les étudiants de l’EPITA. Ces derniers doivent intégrer les aspects développement durable liés à leur activité et avoir à l’esprit que les nouvelles technologies et en particulier l’informatique sont des composantes essentielles du développement durable de façon plus générale. »
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