Ingénieur : une formation et un métier
« Ingénieur » désigne à la fois un titre académique et une profession.
Dans certains pays, suivant l’État, la législation et la tradition, le
titre ingénieur n’existe pas et il n’y a que la profession qui existe,
organisée par un ordre des ingénieurs. Quelquefois, comme en
France, c’est le titre qui est préservé par la loi et la profession n’est
quant à elle pas régulée. Dans d’autres pays les deux cohabitent. C’est
là l’une des ambiguïtés : quand on parle d’ingénieur, parle-t-on du
diplôme et de la formation ou du métier exercé ? Cette confusion est
présente dans le système français où la profession est protégée, mais
pas la fonction. Si l’on embauche un ingénieur diplômé, son poste
doit répondre à des conventions collectives. La grande différence avec
les pays anglo-saxons, c’est que la responsabilité de l’ingénieur est
individuelle là-bas : la personne s’engage, à l’image d’un médecin.
En France et en Europe continentale, c’est l’entreprise qui est
responsable et a la charge d’embaucher des personnes compétentes.
Comment évolue la fonction ?
Nous observons que la demande des entreprises en professionnels
ingénieurs, même en contexte de crise, est plutôt en augmentation.
C’est l’un des secteurs qui résiste le mieux. D’un certain côté, la
part des ingénieurs de production n’est pas en augmentation, car
la partie production n’est pas en croissance en France. De l’autre,
de nombreux autres secteurs et services, qui ne sont pas vraiment
industriels, comme la banque ou la finance, embauchent de plus en
plus d’ingénieurs. Alors que l’on forme près de 30 000 ingénieurs
par an, il faudrait que ce chiffre monte à 40 000. On remarque que
les entreprises craignent la pénurie, d’ailleurs les derniers salaires
d’embauche des ingénieurs étaient plus élevés que ceux en poste
depuis trois ou quatre ans. Aujourd’hui, cette pénurie est plus due au
manque de candidats dans les formations qu’au marché de l’emploi
lui-même, qui est très favorable aux ingénieurs.
Comment évolue la formation ?
Depuis trente ans, le nombre de diplômés n’a augmenté en moyenne
que de 2,4 % par an (3 % pour les femmes et 2,2 % pour les hommes). La
place des femmes augmente plus vite que le nombre des hommes, mais
le retard reste très important. La différence est flagrante suivant les
domaines vers lesquels certaines femmes s’orientent naturellement :
elles sont par exemple près de 70 à 80 % en biologie et en chimie.
L’évolution est très lente. Mais la tendance de ces deux dernières
années indiquerait une croissance qui arrive à saturation. Les chiffres
ne sont pas très nets, mais il semblerait que l’on n’enregistre plus la
même augmentation et c’est une tendance générale propre aux pays
industrialisés : dès qu’un pays devient post-industriel, les jeunes
privilégient le business ou le droit aux matières scientifiques dures.
La France possède un fort potentiel de jeunes qui suivent des études
scientifiques, plus que les pays nordiques et l’Allemagne. Enfin, on
remarque encore une certaine inadéquation entre les souhaits des
étudiants qui entrent en formation et les besoins des entreprises.
Ce décalage s’explique d’abord ainsi : les souhaits que formulent ces
jeunes se font par rapport à leur perception du marché alors qu’ils
n’y rentreront que quelques années plus tard. Par exemple, il y a eu
un boom énorme dans l’informatique avant les années 2000, avec de
nombreux emplois. L’éclatement de la bulle Internet, puis le fait que
les besoins en fibre optique n’étaient finalement pas si importants,
avec l’ADSL qui s’est généralisée et différents autres facteurs, ont eu
pour effet de faire baisser la demande d’ingénieurs en informatique
et nouvelles technologies. Cela s’est accompagné d’un moindre
intérêt des jeunes pour ce secteur, comme pour l’électronique et les
communications, qui semblent moins les faire rêver. Depuis une
dizaine d’années, les secteurs énergétiques et environnementaux
sont devenus très porteurs pour les jeunes dans ces domaines.
Les écoles d’ingénieurs« Les écoles d’ingénieurs préparent à un large éventail de formations (diplôme d’ingénieur, master, mastère spécialisé, doctorat…). Elles rassemblent 150 000 élèves, dont 119 200 préparent un diplôme d’ingénieur habilité par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche après avis ou décision de la Commission des titres d’ingénieur (CTI). 60 % des futurs ingénieurs sont formés par des écoles sous tutelle du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Le diplôme d’ingénieur fait suite à cinq années d’études après le baccalauréat mais les parcours pour l’obtenir sont diversifiés. La durée des formations dans les écoles varie de trois à cinq ans en fonction du niveau d’entrée de l’étudiant. Si la voie d’intégration des écoles d’ingénieurs la plus fréquente reste celle des classes préparatoires aux grandes écoles, les admissions sur titre s’effectuent à tous les niveaux. 70 % des élèves inscrits en première année d’école post baccalauréat sont des bacheliers de l’année, essentiellement des bacheliers scientifiques. Bien que les filles restent minoritaires, leur part ne cesse de progresser et domine dans les formations de l’agriculture et des sciences appliquées. Plus de 28 000 diplômes ont été décernés en 2009. »
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