Itinéraire d’un serial entrepreneur avec Sebastien Burel (EPITA promo 1993)
En lançant en 2015 son application Frigo Magic qui propose des recettes quotidiennes selon les produits déjà présents dans votre cuisine, Sebastien Burel (EPITA promo 1993) n’en est pas à son coup d’essai. Se définissant lui-même comme un « serial entrepreneur » qui aime « la prise de risques » et cette période liée à « la naissance d’une start-up », cet Ancien retrace son parcours, riche en expérience et en entreprises.
Sebastien Burel (au fond) avec Christophe Boisselier, l’un de ses deux associés au sein de Frigo Magic (Crédit Photo : Olivier Marie)
La création d’entreprise très vite après la sortie de l’EPITA
« Ma première expérience professionnelle a commencé durant mes études à l’EPITA puisque je travaillais en parallèle pour Arborescence, une société qui faisait des CD-Rom et ce qu’on appelle des « kiosques », soit des bornes interactives. Une fois mon diplôme en poche, l’entreprise m’a embauché. À la même période, un ami EPITéen de la promo 93, Olivier Baudet, a également été embauché – mon patron de l’époque cherchant des profils comme le mien, je lui avais suggéré de le rencontrer. Nous avons ainsi travaillé ensemble pour Arborescence durant trois-quatre ans avant de démissionner tous les deux pour créer la société Artful Interactive Sofware en 1997. Cette SARL fut notre première expérience entrepreneuriale. Au début, nous faisions des CD-Rom et des bornes interactives puis, très vite, nous avons élargi notre activité à la création de sites Web – 1997 étant la bonne année pour se lancer sur ce créneau. Nous avons alors commencé à embaucher et sommes devenus ce qu’on appelait à l’époque une Web Agency s’occupant de sites de plus en plus gros pour des clients également de plus en plus importants. »
« Coup de poker », première crise et première revente
« À la même période, Artful a participé au lancement d’une marque et d’un site avec notre ancien patron d’Arborescence, Max Derhy : il s’agissait de Winamax – le « max« venant de son prénom. Au départ, ce n’était pas un jeu de poker mais un fantasy soccer, soit un jeu de football sur Internet. Avec ce jeu, nous avons signé un contrat avec TF1 nous offrant une très large audience et nous obligeant à monter en compétences autour du stream haute disponibilité, ce qui était assez nouveau pour l’époque – nous sommes alors en 1999. On a ensuite levé des fonds en 2000, près de 2,7 millions d’euros, auprès d’un investisseur privé aujourd’hui décédé, Robert Louis-Dreyfus. Cela nous a permis de monter une plateforme d’hébergement dédiée à d’autres clients. Tout s’est relativement bien passé au début mais, en 2001, nous avons pratiquement perdu tous nos clients – des start-ups principalement – à cause de l’explosion de la bulle Internet. Nous avons alors commencé à chercher des clients plus « classiques« puis avons commencé à héberger par exemple l’extranet d’Airbus, de Vivendi Universal, etc. Nous avions alors une plateforme d’hébergement à haute tolérance de panne. Par la suite, en 2004, la société a intéressé un groupe anglais, Claranet, à qui nous l’avons cédée en 2005. »
L’appel de la Californie
« Jusque-là, mon activité était plus technique – je prenais d’ailleurs plus de plaisir dans ce domaine. Du coup, déjà un peu avant 2005, j’avais commencé à retravailler pour des amis basés en Californie dans une société nommée Kinoma. J’ai travaillé pour eux jusqu’en 2008 environ, tout en étant actionnaire puisque j’avais fait partie du premier tour de table. Je m’occupais alors principalement de développement pour un ancien de chez Apple parti chez Sony. La société a ensuite été vendue en 2009. Ma deuxième expérience entrepreneuriale s’est ainsi terminée sans pour autant m’avoir donné un rôle dans le management. En parallèle, toujours en 2005 et juste après Artful, j’avais aussi lancé Haruni pour mon hébergement juridique. Haruni existe toujours et m’héberge encore juridiquement. »
Soutien scolaire, voyages et informations : toute la diversité de l’entrepreneuriat
« En 2008, je travaille à nouveau avec Max Derhy. Ensemble, nous avons créé BI Sarl, une société de soutien scolaire associée à la marque Bordas Soutien Scolaire que nous louions à la société du même nom. Tout s’est très bien passé et la société s’est développée très vite grâce à son principe de mise en relation entre parents et enseignants partout en France sur Internet. Nous étions alors franchement axés sur les avantages fiscaux mais, la loi ayant changé en décembre 2012, nous avons décidé de vendre la société à une filiale de SFR, Wengo, en 2013. Depuis j’ai créé deux autres sociétés. Je fais partie notamment de SIMPKI, un portail de voyages pour lequel j’ai créé la première version du site, et de CornerNews, une application mobile d’informations à travers la photographie. Comme CornerNews avait du mal à décoller, il fallait que je bouge, que j’avance. »
La bonne recette pour une nouvelle aventure
« J’avais besoin d’un nouveau défi. Je suis alors entré en contact avec deux anciens copains qui, pour le coup, ne viennent pas du Web : Christophe Boisselier étant cuisinier et Olivier Clanchin évoluant dans l’agroalimentaire – il est le dirigeant du groupe Triballat. Ensemble, nous avons décidé de créer en 2015 la société Frigo Magic pour développer et commercialiser l’application iOS et Android du même nom. C’est pour ainsi dire ma première expérience concernant une application ouvertement grand public et gratuite. Grâce à Frigo Magic, les utilisateurs se voient proposer des recettes possibles selon les ingrédients qu’ils possèdent déjà chez eux dan
s leur frigo ou leur placard. C’est une solution idéale pour cuisiner sans avoir besoin de sortir de chez soi. La première version est sortie début mai. Nous avons ensuite eu la chance d’être invité au TEDx de Rennes pour en discuter. La presse nourrissant la presse, nous avons ensuite fait un peu le tour de radios et de télés locales. Cela nous permet d’avoir aujourd’hui près de 15 000 utilisateurs avec près de 1 500 nouveaux utilisateurs par semaine pour une base de données évolutive de plusieurs milliers de recettes possibles grâce à la prise en compte de près de 300 ingrédients. On est assez contents. Des recettes sont ajoutées chaque jour et des ingrédients à chaque mise à jour de l’appli, soit tous les 15 jours / 3 semaines environ. Nous avons pour objectif d’obtenir près de 80 000 utilisateurs d’ici la fin de l’année. Concernant le modèle économique, vu que l’application est gratuite, il repose sur du placement de produits et « la location » des visuels des ingrédients : nous avons donc commencé à démarcher des entreprises de l’agroalimentaire pour cela. Triballat est d’ailleurs bien évidemment client. »
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