« J’ai choisi l’option métier d’avenir : l’informatique » Géraldine Nicollin (EPITA promo 1991), directrice d’ingénierie chez Thales
Géraldine Nicollin (EPITA promo 1991) est directrice d’ingénierie chez Thales. Travaillant depuis vingt-cinq ans pour le groupe français d’électronique spécialisé dans l’aérospatiale, la défense, la sécurité et le transport terrestre, elle encourage les jeunes femmes à faire carrière dans l’ingénierie. Notamment impliquée dans l’association Elles Bougent qui fait découvrir aux lycéennes les métiers passionnants d’ingénieures et techniciennes et les aide dans leur choix d’orientation, Géraldine Nicollin fait figure d’exemple à suivre.
© photo : ©THALES A.FILIPE
Quel est votre métier ?
Je fais partie de la « tiger team ingénierie » du groupe Thales. Cela consiste à transmettre mon expérience aux managers de l’ingénierie du groupe. Grâce à l’expertise de cette équipe, les managers sont en mode « conduite accompagnée » ! Afin de rester proche de la technique, j’accompagne aussi des projets en difficultés et je les aide à revenir sur les rails. Depuis vingt-cinq ans dans le groupe Thales, j’ai assuré presque tous les rôles liés au développement logiciel (développeur logiciel, concepteur, architecte…) et dans des domaines très variés (spatial, missiles, contrôle de trafic aérien…) avant de devenir manager (chef de projet, chef de service et enfin directrice d’ingénierie).
Dans quelle mesure est-il passionnant ?
Mon métier d’ingénieur logiciel est passionnant. Il m’a permis d’exercer des rôles techniques au sein de projets divers et d’évoluer aujourd’hui vers un rôle de manager et coach, plus orienté relations humaines et partage. J’ai toujours fait preuve d’enthousiasme, d’envie et d’énergie en me remettant sans cesse en question : quel est mon rôle dans cette entreprise qui bouge ? Comment être agile et ne pas rester sur mes acquis ?
Avez-vous toujours voulu être ingénieure ?
Je voulais faire des études dans le tourisme. À 17 ans, j’ai compris que je risquais de passer ma vie derrière le bureau d’une agence de voyages alors j’ai choisi l’option d’un métier d’avenir : l’informatique. Je n’avais pas touché un ordinateur avant. Dès le début de mes études cela a été passionnant, différent de tout ce que l’on fait jusqu’au bac, très pratique et concret. Et grâce à Thales j’ai eu l’opportunité d’exercer mon métier dans de nombreux pays dans le monde. Finalement, j’ai réussi à rejoindre mon premier centre d’intérêt, la dimension multiculturelle et internationale !
Que retenez-vous de vos années à l’EPITA ?
Je suis rentrée à l’EPITA après avoir effectué un BTS dans une autre école. J’ai choisi cette école parce qu’elle était très proche des entreprises, très orientée vers la mise en pratique : je développe, je teste et j’analyse le résultat dans un temps très court. L’expérimentation développe notre curiosité. L’école était très jeune, mais sa vision était claire. Elle avait l’ambition d’apporter aux entreprises une réponse immédiate : des ingénieurs déjà en connexion avec la réalité de l’entreprise. Je pense qu’elle est toujours dans cette dynamique.
L’enseignement que vous y avez reçu vous aide-t-il au quotidien ?
J’avais choisi l’option génie logiciel parce que j’étais convaincue que pour concevoir des systèmes performants, il fallait appliquer des méthodes et des outils. Vingt-cinq ans après, c’est toujours au cœur de mon quotidien. Le logiciel est partout, prend une part exponentielle dans nos systèmes, devient de plus en plus complexe. Ces méthodes et outils restent la clé de la maîtrise de la complexité et de notre réussite en tant qu’industriels.
Pensez-vous qu’être une femme dans un milieu d’hommes est un atout ?
Oui, il faut convaincre de sa compétence puis cela devient un atout. Très vite, vos collègues et vos collaborateurs (lorsque vous devenez manager) comprennent que votre capacité d’écoute, votre sensibilité, votre intelligence émotionnelle, votre optimisme, votre esprit d’équipe sont un plus et votre complémentarité apparaît.
Pourquoi, selon vous, n’y a-t-il pas davantage de femmes qui envisagent de devenir ingénieures ?
Les jeunes filles vont au mieux jusqu’en terminale S. Lors du choix de leurs études, elles n’ont pas suffisamment confiance en elles pour aller vers un métier scientifique ou alors, c’est leur entourage qui les décourage en leur disant que ce n’est pas un « métier de femme » ! C’est pourquoi depuis quatre ans je fais partie de Elles Bougent, parce que j’ai eu moi-même des difficultés à trouver des candidates aux postes que je proposais. Des associations comme Elles Bougent sont essentielles pour faire prendre conscience de ces freins et donner l’opportunité aux jeunes filles de rencontrer des ingénieures, de visiter des entreprises, des salons, de témoigner. Un autre frein pour les jeunes filles, c’est la compatibilité d’une carrière avec la vie personnelle et familiale. Alors quand je leur explique que, malgré la dimension de mon poste, je suis depuis quatorze ans à temps partiel et que j’ai pu m’occuper de mes enfants tout en m’épanouissant dans mon travail, elles sont rassurées.
Que diriez-vous aux étudiantes en école d’ingénieurs ?
Excellent choix ! Vous ne serez pas déçues ! Persévérez, apprenez à vous connaître pour prendre conscience de vos atouts et ensuite pouvoir cibler les typologies de postes qui vous conviendraient le plus. Faites des stages pour voir ce qui vous plaît, faites de l’apprentissage en partenariat avec une entreprise pour aller plus loin.
Et quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui sont encore indécises sur leur choix de carrière ?
Osez ! Le métier d’ingénieur ne demande aucune capacité spécifique aux hommes. Cherchez une marraine auprès d’Elles Bougent. Elle vous fera découvrir sa passion, son métier, visiter son entreprise… Rien ne vaut le partage et l’enthousiasme des ingénireures en poste pour lever les dernières barrières de résistance !
À propos de l’association Elles Bougent :
Depuis 2005, l’association Elles Bougent s’est donné pour objectif d’aider les jeunes filles dans leurs choix d’orientation ainsi que de sensibiliser les parents et les enseignants aux possibilités des formations scientifiques. Elle dispose d’un important réseau de marraines, composé de femmes ingénieures et de techniciennes passionnées par leur métier et le secteur dans lequel elles travaillent : aéronautique, automobile, bâtiment, énergie, ferroviaire, ingénierie, maritime, numérique & télécommunications, spatial… Elles Bougent prône la diversité des talents au sein des entreprises comme des formations, fédérations, associations ou encore établissements d’enseignement supérieur. À ce titre, les trois écoles d’ingénieur-e-s du Groupe IONIS, l’EPITA, l’ESME Sudria et l’IPSA, soucieuses de promouvoir la parité dans l’ingénierie, sont toutes partenaires de l’association.