« La Chulalongkorn University est assez atypique »
Pour leur semestre à l’international, Corentin Ourvoy et Apolline Wasik (EPITA promo 2022) ont mis le cap vers la Thaïlande pour étudier à la Chulalongkorn University de Bangkok. Un séjour enrichissant et, surtout, inoubliable !
Corentin et Apolline
Depuis combien de temps pensiez-vous à ce semestre à l’international ?
Corentin : Depuis longtemps ! L’existence de ce semestre fait partie des premières choses qu’on apprend sur l’EPITA lors des salons étudiants et je dois avouer que l’idée de partir à l’étranger m’excitait vraiment. Surtout que, contrairement à d’autres écoles d’ingénieurs, le semestre à l’International de l’EPITA se déroule en clôture du Cycle Préparatoire. Je dois avouer que plus le 1er semestre de la 2e année avançait, plus je pensais à mon départ qui s’approchait. Sur mon campus à Rennes, on ressentait vraiment une ambiance particulière les mois et semaines précédant le jour J !
Apolline : C’est un peu pareil pour moi : avant même de rejoindre l’EPITA, l’idée de partir à l’étranger durant la prépa me séduisait.
Connaissiez-vous déjà la Thaïlande avant d’y partir ?
Corentin : Pas du tout ! Ce voyage a été ma première fois en Thaïlande et en Asie. Pour moi, le choix de la Thaïlande s’est fait pour être justement le plus dépaysé possible par rapport à la France et pour découvrir de nouvelles cultures, de nouvelles personnes. Evidemment, l’EPITA proposait d’autres destinations intéressantes, comme l’Inde, la Corée du Sud ou encore l’Afrique du Sud, mais j’ai préféré celle-ci.
Apolline : Je ne connaissais pas non plus ce pays. De mon côté, j’hésitais surtout entre la Thaïlande et l’Angleterre. L’Angleterre m’attirait pour découvrir l’université d’Oxford, une université que tout le monde connaît, et la Thaïlande m’intéressait pour enfin pouvoir voyager en Asie.
Au moment de monter dans l’avion, quel était votre état d’esprit ?
Apolline : J’avais envie de profiter et d’apprendre des autres !
Corentin : J’étais très excité, d’autant plus que j’y partais avec un ami d’enfance également étudiant à l’EPITA Paris. Dans ma tête, je ne voulais pas aller en Thaïlande pour simplement découvrir un pays, mais pour rencontrer des gens, m’intégrer à la population et, finalement, vivre comme un Thaïlandais pendant six mois. C’était une chance unique que je ne voulais pas louper : je ne souhaitais pas vivre cette expérience comme un touriste lambda.
Vous aviez des idées reçues sur le pays avant votre départ ?
Corentin : Certains films américains me laissaient penser qu’on allait arpenter des villes pas très propres et très bondées. Au final, ce n’était pas le cas ! Bangkok, par exemple, est aussi bondée que Paris. J’ai aussi été agréablement surpris par l’accueil des gens. À part peut-être certains chauffeurs de taxi, tout le monde a été très sympathique avec nous.
Vous étiez-vous préparés en amont ?
Apolline : Mes parents m’avaient offert un guide pour me permettre de prévoir quels lieux visiter ou recevoir deux-trois astuces pour trouver les bons endroits où acheter à manger. Par contre, je n’ai pas étudié le thaïlandais avant de partir. Cela dit, l’université nous a permis de suivre des cours sur place et cela s’est avéré très pratique ! Quand vous êtes étranger et que vous vous adressez à un Thaïlandais, le contact est bien plus facile si vous parlez un peu sa langue que si vous n’utilisez que l’anglais.
Corentin : C’est vrai ! En voyant que vous faites un effort, la personne en face va tout de suite être très souriante. Quand j’ai commencé à pouvoir indiquer des directions aux taxis en thaïlandais, la relation a tout de suite changé : les chauffeurs ont arrêté de me prendre pour un touriste et d’essayer de m’arnaquer !
Apolline : C’est le jour et la nuit !
Corentin : Sinon, pour me préparer, en plus d’avoir un guide touristique, j’ai aussi regardé des vidéos sur Internet, notamment celles d’une étudiante en échange à la même université que nous qui expliquait sa vie en Thaïlande. Cela m’a donné un bon aperçu de ce qui m’attendait sur place.
Où viviez-vous sur place ?
Apolline : Je vivais dans une résidence faite majoritairement pour les étudiants étrangers. J’étais en collocation avec deux amis de l’EPITA dans un 110m² et cela s’est très bien passé ! On avait en plus un petit resto pas cher en bas de la résidence et on y mangeait quasiment tous les soirs.
Corentin : J’étais seul dans une autre résidence, située à 15 minutes de celle d’Apolline. Contrairement à cette dernière, la mienne ne disposait pas de piscine ni de salle de sport, mais elle était aussi très bien et me permettait d’avoir un appartement plus grand. Le logement en Thaïlande est vraiment très accessible. Par exemple, une amie a trouvé une résidence uniquement réservée aux femmes et deux fois moins chères que les nôtres.
Apolline : D’autant que l’université ne nous livre pas à nous-même ! Elle propose sur son site Internet des partenariats avec des résidences. D’ailleurs, nous avions aussi un bus gratuit qui nous transportait tous les matins de la résidence à l’université.
Corentin : Il y a vraiment moyen de trouver facilement un endroit où loger. Mon loyer était de 300 euros, ce qui est très raisonnable. Par contre, à l’inverse des appartements pour collocation, le mien n’avait pas de cuisine. Cela signifie qu’il faut manger tous les jours dehors, mais ce n’est pas un souci car la nourriture n’est pas chère. Un plat au restaurant coûte entre 1 à 2 euros et c’est finalement moins cher de manger dehors que d’acheter des aliments pour cuisiner chez soi.
Apolline : Nous avions aussi un bus gratuit qui nous transportait tous les matins de la résidence à l’université.
Corentin : Ma résidence était à 5-10 minutes à pied du métro et j’arrivais à l’université après trois stations seulement. C’était très facile.
Parlons de la Chulalongkorn University. Comment pourriez-vous la décrire ?
Apolline : En fait, elle est assez atypique. D’un côté, elle est très moderne, avec du matériel technologique que l’on n’a parfois pas en France – d’ailleurs, lors de mon premier cours, j’ai été très surprise de constater que tous les étudiants écrivaient directement sur une tablette ! De l’autre côté, ses bâtiments sont parfois assez anciens et traditionnels. C’est un contraste étonnant.
Corentin : Moi, j’ai été d’abord frappé par l’immensité du campus. On y trouve 19 facultés et même deux centres commerciaux ! Ensuite, je retiens forcément l’ancienneté de l’université qui fêtait ses 102 ans d’existence lorsque nous y étions. On y croisait des bâtiments centenaires et traditionnels, notamment ceux dédiés aux arts et à l’ingénierie, comme un immeuble immense de 26 étages, moderne et climatisé.
Qu’avez-vous pensé des cours ?
Apolline : Au niveau des mathématiques, cela n’a pas été simple. En effet, le niveau des cours était très élevé, mais cela nous a aussi permis de réviser des notions déjà acquises à l’EPITA. Les difficultés étaient bien moins importantes pour le cours d’algorithmie, même si, contrairement à celui de l’EPITA, le cours était en Java. Les cours d’anglais étaient aussi très sympathiques. D’ailleurs, les étudiants locaux dans ma classe avaient un niveau très impressionnant !
Corentin : C’est vrai que les maths nous ont pris par surprise ! Quand nous sommes arrivés, les cours abordaient des choses vues au lycée. Nous pensions donc que cela allait être facile… sauf que, en un mois seulement, le programme a accéléré pour rapidement revoir tout ce que nous avions pu apprendre jusqu’alors ! Nous avons donc demandé des cours de soutien à l’école afin de pouvoir suivre le rythme. Par contre, dans ma classe d’anglais, le niveau était moins bon et le professeur se tournait généralement vers moi ou un autre étudiant étranger pour faire avancer la classe.
Apolline : C’était tout de même super sympa de pouvoir être en classe avec des étudiants locaux et pas seulement des étrangers. Nous étions vraiment mélangés, y compris lors des cours d’Engineering World.
Corentin : Il s’agissait d’un cours qui nous demandait de créer un projet en équipe sur une thématique donnée, en l’occurrence la pollution car c’est un sujet important en Thaïlande. Certains ont ainsi travaillé sur la création d’un masque pour aider les bébés à respirer ou d’une poussette anti-pollution.
Apolline : Cela permettait d’apprendre les uns des autres.
L’intégration était facilitée ?
Corentin : Oui ! Déjà, nous avions tous deux buddies ou « parrains » : l’un pour la section ingénieurs et l’autre pour l’ensemble de l’université. Ensuite, nous avons pu vivre une Welcome Party très sympathique dès le début du semestre. Cela m’a permis de rencontrer énormément d’étudiants étrangers, dont certains sont devenus des amis avec qui j’échange encore aujourd’hui. Avoir aussi été aussi bien reçu en Thaïlande m’a donné envie à mon tour de devenir parrain à l’EPITA. Désormais, j’ai deux filleuls étrangers ici ! Et j’aide aussi une étudiante thaïlandaise rencontrée là-bas et qui, à l’inverse, a décidé de faire ses études en France, à Paris. L’administration est assez particulière à appréhender chez nous et un coup de main n’est jamais négligeable.
Apolline : D’ailleurs, je pense que je retiens avant tout de ce séjour la gentillesse des gens. En Thaïlande, tout le monde vous aidera. Je n’ai jamais eu la sensation d’être livrée à moi-même.
Corentin : On se sent en sécurité là-bas.
Quel est le plus beau paysage ou souvenir que vous gardez en tête ?
Corentin : Je n’ai pas trop voyagé, mais à la fin des cours, j’ai tout de même rejoint un ami qui, après l’obtention de son diplôme, est parti dans la campagne thaïlandaise pour officier en tant que professeur dans une école privée catholique. Les petits étaient en uniforme et essayaient de parler anglais avec mon ami. C’était un moment super que l’on n’a pas l’occasion de vivre en tant que touriste habituellement.
Apolline : Moi, j’ai beaucoup voyagé ! Je suis même partie une semaine toute seule au Vietnam après les cours. Mais le voyage qui m’a le plus marqué, c’était avec un de mes colocataires, lorsque nous sommes allés à Chiang Mai. Un jeune qui nous avons trouvé via les réseaux sociaux nous a emmenés avec lui au milieu de nulle part dans les montagnes, dans un village d’à peine 100 habitants où personne ne parlait véritablement thaïlandais, mais un dialecte du coin. Il n’y avait pas d’électricité et, le soir, on se retrouvait jusqu’à 2 h du matin avec sa famille, à échanger. C’était un super souvenir.