Découvrez Alice et Lorine, deux lauréates du Trophée Excellencia 2020 !
En 2020, l’EPITA n’a pas décerné une, mais trois distinctions à l’occasion du Trophée Excellencia ! Créé pour encourager les jeunes filles à se tourner vers les métiers de l’ingénierie et du numérique, le Trophée Excellencia vient soutenir le projet professionnel de jeunes bachelières méritantes en permettant aux lauréates de se voir offrir le financement de leurs 2 années de Cycle préparatoire au sein de l’école. Après vous avoir présenté Julie Navone, qui évolue sur le campus lyonnais, l’école vous emmène à la rencontre des deux autres lauréates de l’édition 2020 : Alice Grieu et Lorine Truong Thanh Dang. Toutes deux étudiantes en 1re année à l’EPITA Paris au sein de la section anglophone, ces futures ingénieures partagent une même passion pour l’informatique et l’envie d’apprendre de nouvelles choses !
Alice
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Lorine
Que faisiez-vous avant l’EPITA ?
Alice Grieu: Moi, j’étais au lycée Louis-le-Grand à Paris, où j’ai fait un Bac S option SI, en prenant deux spécialités : mathématiques et ISN.
Lorine Truong Thanh Dang : Pour ma part, j’étais au lycée de la Maison d’éducation de la Légion d’Honneur, à Saint-Denis, pour un Bac S également, avec l’option physique. Ce lycée est un peu particulier dans le sens où il s’agit d’un internat constitué uniquement de filles ayant un parent ou un grand-parent s’étant vu remettre la Légion d’Honneur ou une médaille militaire. L’établissement peut être considéré comme élitiste, mais il reste sous le contrôle et l’égide de l’Éducation nationale.
Pourquoi avez-vous voulu rejoindre l’école ?
Lorine : Quand j’ai commencé à me renseigner pour mes études supérieures, je regardais surtout les prépas. C’est un peu vers là que l’on nous pousse à la Maison d’éducation de la Légion d’Honneur : on incite les élèves à aller plus loin selon leurs souhaits et leur volonté. Ceci-dit, après réflexion, je me suis dit que le système d’une prépa intégrée me conviendrait mieux. Dans mon lycée, on vivait déjà en compétition constante, non seulement dans le travail, mais aussi dans la vie « privée » du fait qu’il s’agissait d’un internat. Cela pouvait parfois être très pesant, même si c’est aussi ça qui m’a forgé mon caractère. Bref, je voyais dans la prépa intégrée un bon moyen d’un peu plus lâcher prise et de pouvoir apprendre à me connaître moi-même. Et comme l’EPITA en proposait une et que le monde de l’informatique m’attirait, je savais que je pourrais m’y épanouir.
Alice : Petite, j’avais déjà en tête de rejoindre une école d’ingénieurs : je voyais que mon père, lui-même ingénieur, s’épanouissait dans son travail et cela me donnait envie de faire pareil. Or, comme on nous a toujours appris qu’école d’ingénieurs voulait dire prépa, je savais que j’allais devoir en faire une. Entre-temps, la Covid-19 est passée par là : au sein de mon lycée, qui fait aussi une prépa classique MPSI et PCSI, je voyais que certains élèves n’étaient pas très à l’aise lors du premier confinement… C’est à ce moment-là que je me suis dit qu’il valait mieux faire une prépa intégrée pour ensuite travailler plus tard dans le secteur de l’informatique. C’est un secteur que j’ai toujours voulu intégrer même si je ne savais pas si la programmation allait me convenir ou non. Heureusement, la spécialité ISN en Terminale m’a permis du faire du Python, d’explorer les bases de la programmation et de voir que cela me plaisait. Tout cela m’a fait logiquement me diriger vers l’EPITA !
Lorine : En fait, il y a deux autres raisons qui m’ont poussée à choisir l’EPITA. La première, c’est le système de classe inversée, que l’on ne retrouve pas forcément partout. Le fait d’apprendre soi-même des choses tout en ayant un professeur derrière pour répondre à nos questions et nous donner des exercices nous motive vraiment à avancer. On se sent autonome et l’on peut toucher soi-même à des domaines nouveaux. La seconde raison, c’est l’existence d’une section anglophone – c’est ce qui a aussi plu à Alice d’ailleurs. Apprendre de nouvelles choses en anglais, cela me plaît énormément.
Qu’est-ce qui fait que l’informatique vous attire autant ?
Alice : La possibilité de tout créer par soi-même ! On se fixe un objectif, puis on réfléchit aux étapes pour y parvenir et à comment les traduire sur l’ordinateur et dans le langage de programmation adapté. C’est ça qui est passionnant, tout ce cheminement jusqu’à un résultat qui fonctionne et dont on peut être fier…
Lorine : Même si j’ai fait un peu de robotique quand j’étais petite, puis un peu de programmation sur Raspberry Pi, je n’étais pas vraiment sûre d’aimer l’informatique. En plus, comme mon lycée ne proposait pas de spécialité dédiée, cela ne m’aidait pas non plus à en savoir plus ! J’étais toutefois certaine d’une seule chose : j’aimais les sciences en général. Et quand je me suis demandée pourquoi j’aimais autant les sciences, j’ai compris que c’était avant tout pour le raisonnement, la logique, l’application de la méthode et parvenir à comprendre ce que cela engendre derrière. Bref, l’essence même de l’informatique !
Comment avez-vous entendu parler du Trophée Excellencia ?
Lorine : J’ai d’abord entendu parler de l’EPITA par ma professeure de mathématiques – son fils y étudie déjà, mais dans un autre campus. C’est aussi elle qui m’a fait découvrir l’existence du Trophée Excellencia pour m’aider financièrement. Je m’y suis alors intéressée et j’ai tout de suite adhéré, pour sa volonté de motiver les filles à se lancer dans l’informatique comme pour son format reposant sur la proposition d’un projet innovant. Imaginer une innovation, cela m’a toujours plu. C’est même quelque chose que l’on faisait de temps en temps dans mon lycée : on parlait souvent d’actualités et il nous arrivait de débattre et de chercher de nouvelles idées liées aux dernières tendances entre nous.
Alice : Je voulais choisir l’EPITA sur Parcoursup parce que j’étais intéressée par l’informatique et qu’un de mes cousins y étudiait déjà. Quand les premiers résultats sur Parcoursup sont tombés, j’ai relu plus attentivement la brochure de l’école et c’est là que j’ai pris connaissance du Trophée et de son concept. Je me suis alors dit « pourquoi pas moi ? ». J’ai tenté ma chance en proposant mon projet innovant et cela a payé !
Quelle était justement l’innovation que vous aviez imaginée ?
Alice : Depuis toute petite, étant originaire de Bretagne par ma mère, je pratique la voile. C’est même une affaire de famille car tout le monde en fait chez nous – mon oncle est d’ailleurs Armel Le Cléac’h, qui a remporté le Vendée Globe en 2016. J’ai donc logiquement réfléchi à un projet autour de la voile et notamment des foils, ces appendices présents sous le bateau qui remplacent l’aileron et permettent, quand la vitesse est suffisante, de « voler » au-dessus de l’eau. Le frottement entre le bateau et l’eau s’en trouve réduit et cela permet à l’embarcation d’aller encore plus vite. Même s’ils existent depuis près de 30 ans, on considère que les foils sont encore à l’étape de prototypes et que l’on peut toujours trouver de nouveaux moyens pour les améliorer. C’est ce que j’ai voulu faire avec mon idée, en liant les foils à l’informatique à travers deux solutions. La première consistait à les motoriser et à y intégrer une intelligence artificielle capable de les contrôler sans que le skipper n’ait à faire quoi que ce soit. La seconde portait sur la création d’un nouvel outil de calcul permettant de tester de nouveaux alliages de métaux et de nouvelles formes, afin d’optimiser les foils, notamment pour résister aux pressions que peuvent exercer les courants sur eux.
Lorine : Moi, mon innovation n’était pas du tout nautique ! (rires) Elle s’inscrivait dans une optique de développement durable – un sujet auquel notre génération est très sensibilisée et qui m’a toujours intéressée. Le sujet étant très large, j’ai mis longtemps à réellement trouver vers quoi me diriger. Ce n’est qu’à quelques semaines avant la fin des candidatures que j’ai enfin trouvé une piste en lisant un article mis en ligne par le ministère de l’Environnement. Ce dernier expliquait que la livraison à domicile était très polluante, notamment à cause des emballages. J’ai alors imaginé un système permettant de récupérer ces emballages, de les stocker et les nettoyer pour permettre leur réutilisation, mais aussi de trouver de nouveaux matériaux, plus durables, et les incorporer à une solution regroupant les différents acteurs de la livraison.
Qu’appréciez-vous le plus depuis vos débuts à l’EPITA ?
Alice : Définitivement, les travaux pratiques et les cours de programmation ! Durant les cours de programmation, nous sommes accompagnés par des étudiants de 3e année – on les appelle les « ACDC » – qui peuvent nous apporter de l’aide ou nous donner des précisions. Mais ce que je préfère durant ces cours, c’est de pouvoir programmer avec mes amis : c’est très motivant de travailler et d’avancer ensemble tout en rigolant. C’est super fun et tout sauf linéaire.
Lorine : Moi, c’est le changement entre ma vie à l’internat et aujourd’hui. À l’EPITA, j’apprends à vivre seule et je réapprends aussi à me faire des amis – vivre avec les mêmes personnes pendant sept ans vous oblige à partir de sur nouvelles bases quand cela s’arrête ! La transition n’a pas été facile au départ, mais j’apprends à faire confiance à de nouvelles personnes et j’apprécie particulièrement le fait qu’on puisse s’entraider. Dans notre classe, malgré la Covid-19, il y a un super esprit d’équipe et si l’un de nous a besoin de quoi que ce soit, on sait qu’il peut appeler l’un ou l’autre via Discord ou n’importe quelle plateforme. Par exemple, comme je viens d’une spécialité physique, je peux aider si besoin dans ce domaine. Idem pour ceux qui sont plus à l’aide en programmation ou en mathématiques. Le fait de savoir que l’on peut tous compter les uns pour les autres m’aide à avancer. Evidemment, on cherche tous à devenir les meilleurs, mais on sait aussi que l’on est là pour apprendre la vie en société et ce que sera la vie en entreprise.
Vous êtes toutes les deux dans la section anglophone. Aimez-vous étudier en anglais ?
Alice : Au début, avoir tous les cours en anglais peut s’avérer un peu déstabilisant, mais on s’y habitue rapidement. En fait, ce n’est pas si difficile que ça car, dans les matières scientifiques, les termes utilisés entre l’anglais et le français se ressemblent souvent énormément. Plus on pratique, plus on assimile et plus cela devient naturel. Et si l’on a toutefois un petit souci de compréhension, les professeurs sont toujours là pour répondre à nos questions, en anglais ou en français si besoin. Souvent, c’est plus le fond qui pose problème ! (rires)
Lorine : Dans mon lycée, je faisais déjà partie d’une section européenne. Du coup, rejoindre la section anglophone de l’EPITA me semblait logique. J’ai toujours aimé pouvoir parler plusieurs langues – chez moi, avec ma famille, je parle aussi le vietnamien, tandis qu’au lycée, je pratiquais l’anglais et le chinois – et étoffer mon bagage culturel. Et comme l’a dit Alice, l’anglais n’est pas dérangeant dans les sciences.
Alice : D’ailleurs, je devais aussi faire une section européenne dans mon lycée avant de me raviser car l’option en anglais proposée concernait la SVT et pas les sciences de l’ingénieur ! Mais le côté international m’attirait déjà. L’anglais, c’est très pratique dans la vie de tous les jours, mais cela l’est encore plus en entreprise.
Avez-vous déjà une petite idée sur votre futur métier ?
Alice : Pour l’instant, je suis plus attirée par l’intelligence artificielle et la cybersécurité, mais je ne suis pas fermée ! Peut-être qu’en arrivant en 3e année, je changerais d’avis !
Lorine : Maintenant que je sais que l’informatique me plaît, j’attends de savoir quelles capacités je vais développer et de voir à quoi ressemblera le monde du travail d’ici quelques années. Peut-être que de nouveaux domaines apparaîtront ou même de nouvelles Majeures au sein de l’école ?
Le Trophée Excellencia existe avant tout pour faire comprendre aux jeunes filles que le monde de l’ingénierie leur est également ouvert. En tant que lauréates et futures ingénieures en informatique, auriez-vous un conseil à leur adresser ?
Alice : Mon premier conseil serait de d’abord tester l’informatique, notamment à travers des ateliers comme CoderDojo ou le Pôle Simon Lefranc à Paris. C’est ce que j’ai fait et je ne le regrette pas. Je conseille aussi de choisir la spécialité ISN si le lycée la propose. Et si cela vous plaît, il ne faut pas hésiter à foncer ! Il faut en finir avec les stéréotypes du style « les filles font uniquement médecine ou des études littéraires ». Quand on s’intéresse à un domaine, il faut essayer, s’accrocher, tenter sa chance et cela marchera sûrement !
Lorine : Je redonnerais un conseil qui m’a moi-même servi. En effet, j’ai eu la chance de pouvoir faire un stage dans un laboratoire avec une tutrice de stage qui faisait partie de l’association Femmes & Sciences. C’est elle qui m’a vraiment ouvert à plusieurs métiers, fait rencontrer différentes personnes… Et elle m’a dit une chose très importante : « Peu importe où tu vas, tu réussiras si tu t’y sens bien ». Je sais que j’ai les bases pour continuer dans le numérique et que j’ai envie d’y arriver. Au fond, la question du métier importe peu : l’important au départ, c’est d’abord de savoir quelles compétences on souhaite rechercher et acquérir !
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