Deep Drone Challenge : un étudiant de l’EPITA en finale !
Sponsorisé par Airbus et organisé par brigkAIR, un incubateur bavarois, le Deep Drone Challenge est un concours international qui demande à ses participants d’associer de nombreuses technologies pour concevoir un drone autonome. Démarrée en 2020, la compétition s’achèvera au mois de juin avec une grande finale organisée en Allemagne, sur le site de l’Airbus Drone Center. Parmi les 14 équipes finalistes se trouve celle de la Team IONIS dont fait partie Eliaz Pitavy (EPITA promo 2022), étudiant en 4e année de la Majeure IMAGE, épaulé par David Boccara et Charles Colin, deux étudiants en 5e année à l‘ESME Sudria.
Eliaz Pitavy
L’IA au cœur du défi
L’histoire d’Eliaz avec le Deep Drone Challenge ne commence pas en France, ni en Allemagne, mais en Inde. En effet, c’est là-bas, lors de son semestre à l’international de 2e année, qu’il fait la rencontre de Charles, venu dans la même université pour étudier la programmation et le Computer Science. Le courant passe et, quelques mois plus tard, quand Charles, alors apprenti chez Airbus Helicopters, entend parler de ce concours mêlant drones et intelligence artificielle, il décide naturellement d’en parler à Eliaz. « Quand il m’a demandé de le rejoindre dans cette aventure, j’ai dû hésiter une seule journée », s’amuse l’EPITéen.
Il faut dire que le Deep Drone Challenge, pensé pour préparer l’arrivée du CityAirbus, un « drone taxi » conçu comme son nom l’indique par Airbus et prévu pour être commercialisé d’ici 2024, a de quoi séduire ce futur ingénieur passionné par le Machine Learning. « Les participants du concours doivent concevoir un drone autonome autour de deux challenges : un sur la reconnaissance d’obstacle et l’autre sur la reconnaissance vocale, détaille Eliaz. En l’occurrence, notre équipe a décidé de se tourner vers la reconnaissance vocale : nous avions alors pour objectif de créer un drone autonome capable de communiquer avec une tour de contrôle. À l’inverse, cette tour doit également pouvoir communiquer de façon transparente avec ce drone, comme elle pourrait le faire avec le pilote d’un avion lambda. »
La Team IONIS et le IONIS Bot
De gauche à droite : David, Eliaz et Charles
Des milliers de fichiers audio utilisés
En parallèle à leurs études, les membres de ce trio ont ainsi travaillé plusieurs mois à l’élaboration et au perfectionnement du drone qu’ils appellent le « IONIS Bot », en référence au Groupe IONIS qui lie l’EPITA et l’ESME Sudria. « Pour ce challenge, j’aide David à développer le code du drone, notamment sur la partie qui nécessite de traduire les commandes provenant la tour de contrôle, confie l’EPITéen. Or, comme ce sont des commandes vocales, l’intelligence artificielle est nécessaire pour transformer ces commandes en texte compréhensible par le drone. C’est là la grosse partie de mon travail sur le projet. » Un labeur et de nombreuses sessions de test qui aujourd’hui portent leurs fruits. Désormais, le « IONIS Bot » est désormais capable d’écouter un flux audio provenant d’une radio et relayant des commandes transmises selon les règles de l’ATC (des phrases susceptibles d’être dites par un véritable contrôleur aérien), de traiter ce flux et de voler en fonction de ces informations et de son environnement. Il peut dès lors compter sur un réseau de neurones assez performant, nourri et entraîné par plusieurs milliers de fichiers audio, la plupart provenant d’autres étudiants ayant décidé d’aider le projet en enregistrant ces commandes.
Pour Eliaz, cette partie liée à l’assimilation des commandes a représenté la principale difficulté technique du challenge : « Il faut avoir en tête que le son provenant d’une radio est très « bruité ». Si ce bruit n’est pas dérangeant pour un pilote habitué à comprendre les ordres donnés, il est tout de suite beaucoup plus difficile à traiter pour une intelligence artificielle. Voilà ce qu’était mon grand défi : parvenir à « débruiter » les commandes reçues depuis la radio afin d’en extraire le contenu correctement. » Mais ce n’est pas le seul défi auquel a été confronté le trio. « En effet, il a fallu rester focalisé et motivé après que le challenge ait été reporté deux fois en raison de la Covid-19 et que nous ayons connu quelques problèmes avec notre drone. On a connu un crash, un moteur brûlé… Mais là, c’est bon : on est super motivés ! »
Logo IONIS Bot réalisé par le designer graphique Antoine Peltier
Prochaine étape : la finale à Ingolstadt !
Ce sont cette motivation et cette « alchimie technique » entre les trois futurs ingénieurs qui ont permis à la Team IONIS de se frayer un chemin jusqu’à la grande finale. Cette dernière se déroulera dans la ville d’Ingolstadt, connue pour abriter l’Airbus Defence and Space Center. Une destination que les étudiants ont déjà pu visiter en avril dernier pour une ultime session test en conditions réelles. Désormais, l’équipe espère que son drone sera apte à briller lors de l’événement et à récolter un maximum de points – il y a un total de 60 points à aller chercher correspondant à différents critères et c’est l’équipe avec le plus de points qui remportera le challenge. « En plus d’une partie qui verra tout le monde être noté de la même façon, via les mêmes commandes données par l’organisation, il y aura une autre partie « freestyle » sur laquelle nous comptons également », confie Eliaz.
Ainsi, le « IONIS Bot » pourra dévoiler d’autres facettes renforçant l’aspect sécuritaire, comme un parachute associé à un système permettant de le gérer, une station facilitant grandement la gestion du projet et sa mobilité, avec une interface de monitoring pour voir en temps réel où se situe le drone, une interface de gestion des commandes et, enfin, un routeur Wi-Fi intégré. Enfin, l’équipe prépare également une dernière idée bien particulière qu’elle garde secrète jusqu’au jour J. De quoi donner de l’espoir aux étudiants qui, du reste, ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin et envisagent déjà de participer ensemble à d’autres concours dans le futur, peu importe le résultat du challenge. « D’ailleurs, une fois la finale passée, on partagera probablement nos travaux avec les personnes intéressées, pour expliquer l’utilisation du code et la construction du drone », annonce Eliaz. Comme quoi, l’important n’est pas que de participer : c’est aussi de partager.