Recherche en cours : combattre les maladies en les détectant plus facilement
Pour détecter les maladies, l’œil expert du médecin ne suffit pas toujours. D’où l’intérêt de coupler l’intelligence artificielle aux techniques traditionnelles de traitement d’images afin de renforcer cette détection et faire passer de nouveaux caps à l’imagerie médicale. Une ambition qui trouve logiquement sa place au cœur même du Laboratoire de Recherche et Développement de l’EPITA (LRDE) grâce à ses chercheurs spécialisés.
En marge du nouvel épisode vidéo de la série « Recherche en cours, EPITA Laboratoire d’innovation » consacré au projet Neuromed porté Élodie Puybareau, enseignante-chercheuse, membre de l’équipe Traitement d’images sein du LRDE et coresponsable de la Majeure Image, l’école vous propose d’en savoir plus sur ce domaine passionnant pensé pour faciliter le quotidien des médecins et donc des patients.
En quoi consiste le projet Neuromed ?
Élodie Puybareau : Aujourd’hui, grâce à la technologie, les médecins ont accès à des machines très performantes pour voir tout ce qu’il se passe dans le corps des patients. Pour autant, certaines modifications de l’organisme intervenant en début de maladie sont parfois très petites et donc difficilement décelables. Voilà le but de nos travaux de recherche : aider les médecins à voir plus facilement ces altérations pour mieux anticiper le développement de la maladie et donc mieux soigner les patients. Or, de nos jours, on entend très souvent parler des réseaux de neurones pour répondre à telle ou telle problématique, sauf que pour la détection de ces petites lésions – autrement dit, des modifications anormales du corps humain –, ces réseaux de neurones ne sont pas encore assez performants. Notre objectif est donc d’augmenter cette performance à travers de nouveaux logiciels à fournir aux médecins pour simplifier leur travail, tant sur l’aspect diagnostic que sur le suivi des patients.
Élodie Puybareau est également coresponsable de la Majeure Image
Qu’aimez-vous dans la recherche ?
Élodie Puybareau : La recherche a de formidable qu’elle est multiple : selon votre domaine, vos objectifs ou vos méthodes, votre travail ne sera pas jamais le même que celui d’un autre chercheur. Dans l’imagerie médicale par exemple, la recherche consiste avant tout à trouver de nouvelles innovations qui vont permettre aux médecins de faciliter leur travail, le suivi comme le confort des patients et permettre une prise en charge à la fois meilleure et plus précoce des maladies. Sans les recherches déjà menées par le passé en matière d’imagerie médicale, on se serait retrouvé dans une impasse face à bon nombre de maladies et l’on n’aurait sans doute pas pu mettre au point certains traitements ! Bien entendu, certaines entreprises peuvent également développer leurs propres solutions. Mais nous, au sein de l’équipe Traitement d’images, nous cherchons à aider les médecins gratuitement en mettant à leur disposition tous les outils que nous sommes amenés à imaginer.
Ressent-on une pression particulière quand on travaille sur des sujets liés à la santé ?
Élodie Puybareau : La recherche doit, au sens large, s’inscrire dans une démarche responsable, et cela est d’autant plus le cas quand cela touche le domaine de la santé. On ne peut pas dire à un médecin d’utiliser notre logiciel pour établir un diagnostic en prenant le risque de s’être trompé lors de sa conception ! Quand on publie un article scientifique, nous nous devons d’être les plus précis, honnêtes et transparents possible car notre but n’est pas de remplacer le médecin mais de l’accompagner. Il doit avoir conscience de nos résultats et de nos performances pour utiliser nos outils de la meilleure des façons.
Travailler sur de tels sujets nécessitent des collaborations, non ?
Élodie Puybareau : Les collaborations sont même essentielles. Dès 2017 et mon arrivée à l’EPITA, j’ai ainsi pu commencer à travailler avec Isabelle Bloch (Télécom Paris / Sorbonne Université). Ensemble, nous avons prévu un sujet de thèse sur ce projet, appliqué à des images en radio-pédiatrie, pour le traitement et le diagnostic des maladies touchant les enfants. Travailler dans la recherche, c’est aussi partager ce que l’on trouve avec la communauté de chercheurs, échanger avec eux. Et même si l’on peut travailler seul en tant que chercheur, je considère que l’on recherche toujours mieux à plusieurs ! Avoir plusieurs cerveaux réunis, c’est la garantie d’avoir plusieurs idées, surtout quand nous n’avons pas tous les mêmes domaines de compétence. Ce partage fait la richesse de la recherche.
Côtoyer des étudiants est aussi une richesse ?
Élodie Puybareau : On ne peut pas exercer en tant qu’enseignant-chercheur si l’on n’aime pas travailler avec les étudiants ! Notre métier consiste à les former, bien sûr, mais aussi à leur transmettre notre passion. Devant nous se trouvent des chercheurs en devenir et je trouve cela génial de pouvoir contribuer à trouver leur voie. Cela rejoint ma conception du métier de chercheur qui est, selon moi, de d’abord être utile : si ce que je fais permet un jour d’aider ne serait-ce qu’un seul médecin à mieux soigner un patient, alors ça me suffit. Cela fait un peu « Miss France » dit comme ça, mais c’est la réalité !
Enfin, dans le cas d’une thèse, ce rôle de chercheur prend encore une autre dimension. En tant qu’encadrant de thèse, nous devons donner les idées à l’étudiant afin qu’il puisse les implémenter et débuter ses recherches. Puis, au fur et à mesure, la relation change : l’étudiant se retrouve à maîtriser le sujet, parfois bien mieux que l’encadrant, et devient moteur pour donner à son tour les idées. L’encadrant s’assure alors que la direction prise est bonne et que les articles scientifiques sont bien rédigés.
Recherche en cours : à la poursuite des étoiles avec le projet Météore