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Semaine du handicap – « J’ai vu que l’EPITA cherchait à améliorer les choses pour ses étudiants »

Il reste beaucoup à faire pour améliorer les conditions d’études des étudiants à mobilité réduite. 
En France, seul 2% des élèves de l’enseignement supérieur sont en situation de handicap. Un nombre en constante augmentation, porté par une volonté d’inclusion et une meilleure prise en charge du handicap. Pourtant, malgré les progrès réalisés ces dernières années, nombreux sont ceux qui continuent à rencontrer des obstacles dans leur parcours académique, notamment en raison d’infrastructures inadaptées ou de dispositifs d’accompagnement insuffisants.
C’est pourquoi nous avons choisi de donner la parole à nos étudiantes et étudiants en situation de handicap, sans fard, pour qu’ils puissent partager leurs vécus, leurs défis, mais aussi leurs attentes.

Aujourd’hui, rencontre avec Elise, étudiante en cinquième année de cycle ingénieur, handicapée par des soucis de mobilité qui affectent son quotidien. Elle se livre sur ses difficultés, ce qui est mis en place pour y remédier mais aussi ses espoirs et son envie d’aider à son tour d’autres étudiantes et étudiants.

Peux-tu te présenter en quelques mots ? 

Je m’appelle Élise, je suis en cinquième année à l’EPITA, sur le campus de Paris, au sein de la majeure MTI.

As-tu déjà une idée du domaine dans lequel tu souhaites travailler une fois diplômée ?

Oui, très précisément. À long terme, même si c’est un peu difficile à définir, je sais que je voudrais travailler dans le développement, que ce soit logiciel, matériel ou IoT, éventuellement les trois. Je m’intéresse particulièrement aux maisons autosuffisantes, aux smart cities, aux transports en commun, ce genre de domaines.

Est-ce que tu souhaites évoquer le type de handicap avec lequel tu vis ?

C’est un handicap principalement lié à la santé et à la mobilité. J’ai des syndromes spécifiques, avec mon corps qui a commencé à s’éteindre. Je n’ai pas de problèmes sensoriels. Aujourd’hui, j’utilise beaucoup moins mon fauteuil roulant, et son usage a toujours été ambulatoire. Mon objectif est de ne pas l’utiliser de tout le semestre, et cela fait déjà deux mois que je ne m’en sers plus. J’ai opté pour une canne à la place. 
La chose incroyable avec ces problèmes de santé, c’est que, aussi mystérieusement qu’ils sont apparus, ils sont en train de disparaître !

Est-ce que cela a influencé ton parcours et ta décision de de poursuivre des études supérieures ?

Quand j’ai commencé ma première année de cycle ingénieur, connaissant la réputation de cette année et ma situation, on a commencé à discuter sérieusement avec l’école pour adapter mon parcours. 
Auparavant, je discutais surtout directement avec mes professeurs pour les prévenir que je pourrais avoir besoin de sortir de cours ou que je serais parfois absente, et cela n’a jamais posé problème.  

On m’a proposé de faire l’année d’ING1 en deux ans. J’en ai discuté avec mes médecins et mes parents. On m’a présenté le programme correspondant, et je me suis rendu compte que, finalement, l’année la plus difficile aurait été cette première année, la seconde étant plus légère. J’ai malgré tout décidé de faire l’ING1 en un an, mais c’était très dur. Par exemple, j’ai beaucoup souffert des piscines en distanciel, surtout à cause du manque d’échanges avec mes camarades. Je n’ai pas de souvenirs communs avec eux sur cette période. 
Malgré tout, j’ai validé mon année et j’ai bien célébré cette réussite quand je l’ai apprise.

L’EPITA a-t-elle mis à ta disposition un certain matériel ? Avez-vous dû imaginer ensemble des solutions en termes d’accessibilité ?

Lorsque je suis arrivée au tout début de l’ING1, je n’avais pas encore le fauteuil roulant que j’ai maintenant. J’avais seulement un fauteuil manuel. Or, comme mon problème touchait tout mon corps et pas seulement mes jambes, je ne pouvais pas me déplacer seule. Il a donc fallu trouver une solution. 
Celle que j’ai maintenant est une sorte de trottinette électrique à laquelle je fixe mon fauteuil. Cependant, le parking pour se garer est dans l’Under (parking situé en sous-sol de l’école), et il m’était impossible de remonter seule ! Finalement, j’ai obtenu la possibilité de rentrer directement dans les salles de cours avec ce dispositif. 
En plus, comme nous étions en section bilingue, une classe plus petite, nous étions rarement dans les amphithéâtres situés en hauteur.

Certains obstacles restent présents pour poursuivre des études dans les mêmes conditions que les étudiants valides, peux-tu en parler ?

Oui, absolument. Par exemple, côté rue Pasteur, il y a deux portes. Tous les soirs, tous les week-ends, et lors des moments où toutes les portes ne sont pas ouvertes, celle qui reste fermée est toujours celle accessible aux fauteuils roulants. Le comble ! J’avais déjà signalé ce problème dans le cadre du Comité d’Amélioration Continue (CAC) des étudiants, dont je fais partie.

Qu’est-ce qui pourrait être mis en place pour aider les étudiants ayant un handicap similaire au tien ?

Il y a des améliorations matérielles possibles. Par exemple, dans le bâtiment Paritalie, rapprocher le bouton d’appel des ascenseurs des portes elles-mêmes. Aujourd’hui, entre le moment où on appelle l’ascenseur et celui où il arrive, les portes se referment avant qu’on ait le temps de les atteindre. 
L’ascenseur de l’autre côté est accessible et assez grand, mais il n’y en a qu’un seul et il est très utilisé. 
Dans le bâtiment MTI, notre laboratoire est au cinquième étage. Pendant tout le semestre dernier, mes camarades montaient bien plus rapidement les cinq étages que je ne les atteignais avec l’ascenseur. 
Ce sont des ajustements matériels utiles, même si je suis consciente que leur mise en place peut être complexe. 

Pour le reste, l’EPITA est réputée pour être exigeante. Or, dans mon cas, et pour beaucoup d’étudiants dans une situation similaire, ce qu’il faut, c’est du repos. Des aménagements pour les examens et la charge de travail sont donc primordiaux. 
Malgré tout, l’école s’est bien adaptée à ma situation, et c’est pour cela que j’ai rejoint le CAC dès le début. J’ai vu que l’EPITA cherchait à améliorer les choses pour ses étudiants. 

Enfin, je tiens à mentionner Anne Dewilde, référente handicap. Elle a beaucoup facilité les choses pour moi. Par exemple, elle m’a mise en contact avec une élève plus âgée qui avait également des soucis de santé. Même si sa situation était différente, cela m’a énormément aidée. 
Je souhaite que les futurs élèves ou ceux qui sont déjà là n’hésitent pas à demander ces contacts, car c’est vraiment bénéfique. Même quand je quitterai l’EPITA bientôt, je veux qu’on puisse partager mon contact et que d’autres étudiants puissent discuter avec moi. 

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