L’EPITA lance StartUpLab, le premier Startup Studio intégré à une école d’ingénieurs en Europe
Toujours tournée vers l’innovation, l’EPITA a profité de la rentrée 2018-2019 pour lancer un tout nouveau concept d’initiation à l’entrepreneuriat pour ses étudiants. Remplaçant l’accélérateur StartUp42, l’EPITA StartUpLab se présente sous la forme d’un Startup Studio : un dispositif qui vise à mettre en relation ses participants avec des porteurs d’idées prometteuses. Une première en Europe pour une école d’ingénieurs sur laquelle revient Daniel Jarjoura, fondateur de StartUp42, CEO de H2 Innovate et désormais responsable de cette initiative prometteuse.
Daniel Jarjoura
Qu’est-ce qui vous a poussé à revenir à l’EPITA pour lancer ce « StartUpLab Studio » ?
Daniel Jarjoura : Ce qui m’a d’abord motivé, c’est l’ambition de Joël Courtois, le directeur général de l’école. En effet, après plusieurs saisons passées au sein de l’accélérateur StartUp42, ce dernier fonctionnant alors très bien, j’avais décidé de partir pour relever de nouveaux défis. Sauf que, depuis, l’écosystème a changé. En 2013, au moment de la création de StartUp42, la France ne comptait quasiment pas d’accélérateurs de startups. Il devait y en avoir deux ou trois, pas plus. La nouveauté de ce modèle nous avait alors permis d’avoir de super partenaires industriels et de très bons projets entrepreneuriaux, de l’EPITA comme d’autres écoles, que nous avons pu accompagner avec un bilan très positif : l’ensemble des structures accompagnées par Startup42 by EPITA représente encore aujourd’hui un peu plus de 100 millions d’euros de valorisation. Mais voilà, les choses sont bien différentes de nos jours : il y a de plus en plus d’accélérateurs sur le marché et quasiment tous les corporates s’intéressent aux startups à présent. De ce fait, StartUp42 n’avait plus de sens en soi ni le même impact et il fallait réfléchir à quelque-chose de nouveau. Comme l’EPITA, de par son histoire, aime bien innover, l’équipe pédagogique et moi-même avons imaginé ensemble à un nouveau concept capable de répondre au « trou dans la raquette » de cet écosystème que nous avons identifié.
En quoi consiste ce « trou dans la raquette » ?
Il se base sur deux constats. Le premier, c’est qu’il y a aujourd’hui de plus en plus d’étudiants de l’EPITA intéressés par l’entrepreneuriat, ce qui n’était pas forcément le cas en 2013 – à cette époque, nous souhaitions les inciter et, désormais, ils ont envie. Le second, c’est que la plupart des programmes entrepreneuriaux des écoles, qu’elles soient d’ingénieurs, de design ou de commerce, débouchent majoritairement sur des idées de startups similaires, la plupart du temps axées sur la thématique des rencontres, de la fête ou du fait de payer moins cher tel ou tel service/produit. Ce qui est normal car ces startups sont l’œuvre d’étudiants n’ayant bien jamais été véritablement confrontés au monde professionnel. En revanche, on sait que lorsque ces mêmes étudiants travaillent sur des idées professionnelles, même s’ils n’ont que 20 ans, cela peut donner des succès extraordinaires, comme par exemple ceux de MotionLead et ProcessOut, deux projets B2B portant respectivement sur la publicité mobile et le paiement, portés par des EPITéens. Ces projets auraient pu être lancés par des professionnels avec 10-20 ans d’expérience dans ces domaines, mais ont été finalement créés par des étudiants. C’est la preuve que faire travailler des étudiants sur des projets professionnels répondant à une vraie problématique, ça marche.
MotionLead, créée par Louis Bur, Alexei Chemenda et Arthur Querou (EPITA promo 2015) et ProcessOut, fondée par Cyril Chemla, Louis-Paul Dareau et Manuel Huez (EPITA promo 2018), sont deux réussites EPITéennes passées par l’ancienne version du StartUpLab
D’où la création de l’EPITA StartUpLab sous la forme d’un Startup Studio ?
Exactement. C’est la mission du StartUpLab : répondre aux ambitions entrepreneuriales des étudiants, quel que soit leur degré d’études, et les flécher vers les projets ayant le plus de probabilités de réussite. Ce dernier point consiste à éventuellement modifier leurs idées ou à les faire se pencher sur de nouvelles idées : c’est le concept du Startup Studio, déjà présent dans pas mal d’organisations aux États-Unis, en Allemagne ou encore en France – avec par exemple eFounders –, qui consiste à dé-corréler de l’idée l’équipe en charge du projet. En effet, on se dit que, pour qu’une idée fonctionne, il faut d’abord avoir des gens bien câblés d’un point de vue techno, produit, marketing, etc., mais pas forcément qu’ils soient obligatoirement là pour cibler un problème et imaginer sa solution. Ainsi, avec ce Startup Studio, les étudiants sans projet peuvent en choisir un parmi une liste alimentée par le StartUpLab ou ses partenaires (des corporates, des fonds d’investissement ou des business angels) et doivent ensuite en quatre mois développer une version minimale de ce projet permettant de valider l’adéquation entre l’idée et le problème à résoudre. On est vraiment dans une démarche entrepreneuriale : il n’y a pas de profs, pas de cours, mais quatre mois pour passer d’une idée à un produit à valider en allant voir de vraies personnes pour leur proposer d’utiliser ou d’acheter cette solution.
L’autre avantage de StartUp Lab porte sur la notion de temps passé : bien souvent, les étudiants souhaitant se lancer dans l’entrepreneuriat ont dû mal à trouver des créneaux pour travailler sur le sujet à côté des heures de cours. Avec ce nouveau dispositif, ils peuvent désormais s’impliquer sur le long terme sans que leurs études en pâtissent, non ?
Oui, même si, bien entendu, en fonction du niveau d’études des étudiants, les adaptations à faire dans le programme ne seront pas les mêmes. L’idée principale est d’avoir une structure centrale, dotée d’un lieu sur le campus parisien de l’école, qui va récupérer toutes les velléités entrepreneuriales, quel que ce soit leur degré de maturité, pour ensuite apporter la bonne réponse. Un étudiant à envie d’entreprendre, mais n’a ni idée, ni équipe ? On va lui trouver une idée et d’autres personnes motivées.
Comment rejoindre le programme quand on est étudiant à l’EPITA ?
Pour l’instant, le programme va concerner 25 étudiants, majoritairement des 5es années – une poignée de 4es années s’y est tout de même greffée – et la sélection s’est faite sur la motivation des prétendants. Le but final du programme n’est pas de donner naissance au plus de startups possible, mais de faire en sorte qu’un maximum d’étudiants acquièrent des compétences entrepreneuriales qu’ils pourront ensuite utiliser pour monter leur propre start-up ou mettre à profit en rejoignant une entreprise innovante. C’est là, le fond du programme. De plus en plus de structures, qu’il s’agisse de grands groupes ou de jeunes entreprises, souhaitent recruter des profils créatifs, dotés de ces compétences entrepreneuriales – design produit, expérience utilisateur, acquisition d’utilisateurs online, communication… Ce sont des domaines satellites à la compétence technique d’un ingénieur, mais ils deviennent de plus en importants et recherchés.
Une partie des étudiants sélectionnés pour le programme EPITA StartUpLab