One Heart One Tree : une équipe d’EPITéens va transformer la tour Eiffel en forêt virtuelle
Une équipe d’EPITéens de la promotion 2016 de la Majeure Multimédia et Technologies de l’Information (MTI) travaille actuellement sur One Heart One Tree. Pensé et porté par l’artiste Naziha Mestaoui, ce projet compte transformer la tour Eiffel en forêt virtuelle lors de la COP 21, la grande Conférence des Nations unies sur les changements climatiques que Paris accueillera du 30 novembre au 11 décembre 2015. L’artiste revient sur le rôle des étudiants et sur la genèse de cette œuvre monumentale qui souhaite mêler technologies et environnement.
Naziha Mestaoui
Quel est le concept du projet One Heart One Tree ?
Chaque personne peut participer en téléchargeant une application qui lui permet de donner son rythme cardiaque via son smartphone. Associée au nom de l’utilisateur ou à un mot que ce dernier aura choisi, une graine va alors pousser à une cadence liée à ce rythme pour donner naissance à un arbre virtuel. Cette naissance de l’arbre sera projetée sur la tour Eiffel grâce à 30 vidéoprojecteurs lors de la COP 21. Ensuite, chaque arbre virtuel sera planté pour de vrai dans le cadre d’un programme de reforestation. Il y 30 programmes de reforestation à travers le monde, sur les cinq continents. Ce sont soit des systèmes agroforestiers – qui réintègrent l’arbre dans les cultures pour sortir des monocultures, introduire de la biodiversité et amener de l’eau dans les nappes phréatiques – soit des forêts protégées. C’est un mélange entre les deux formats de forêts.
L’idée, c’est donc de connecter le réel et le virtuel. Chaque personne plante un arbre au rythme du battement de son cœur. Cela permet à chaque personne de s’impliquer concrètement – un arbre, c’est une vraie solution pour le climat – et de prendre conscience des multiples liens qui le relient à la nature.
D’où vous est venue l’idée ?
L’origine du projet vient d’Amazonie. En fait, cela fait quatre ans que je passe un mois par an là-bas avec les tribus. La raison qui m’avait poussée à m’y rendre au départ était l’envie de travailler sur ma passion consistant à imaginer l’avenir vers lequel nous nous dirigeons et à se projeter vers des utopies. Lors de ce voyage, il m’est apparu l’idée que, d’une certaine manière, les sociétés les plus ancestrales peuvent être une source d’inspiration pour le futur que nous pourrions vouloir construire.
Crédit Photo : Barbara Veiga
De quelle façon ?
De mon point de vue, nous allons vers un avenir de plus en plus immatériel, de par la technologie mais aussi la manière dont nos sciences modernes décrivent la réalité comme à travers la physique quantique. Il m’a donc semblé intéressant de me pencher sur ces réflexions souvent considérées comme contre-intuitives dans notre société très matérialiste et matérielle – car très attachée aux sens du toucher et de la vision. D’où mon voyage en Amazonie afin de découvrir une société où existent des concepts qui nous sont assez étrangers. Ainsi, si la définition du temps pour nous est linéaire, avec un passé, un présent et un futur, elle est absolue pour les indiens d’Amazonie qui considèrent qu’il existe des espaces temps accessibles où le passé, le présent et le futur peuvent coexister.
En arrivant en Amazonie, ce qui m’a émerveillée, c’est de voir les Indiens être parfaitement intégrés à la nature, à leur environnement. La forêt est leur extension, les arbres sont des êtres vivants avec lesquels ils sont capables de communiquer, etc. Dans cette dimension abstraite et complétement immatérielle, j’ai pu voir ce que leur environnement signifiait pour eux et qu’il n’y avait donc pas de séparation entre l’homme et la nature, contrairement à chez nous.
C’est donc le rapport entre homme et nature qui définit One Heart One Tree.
Oui. J’ai imaginé ce projet dans ce questionnement du lien qu’on entretient à la nature et à l’environnement, avec l’idée de connecter la technologie au vivant et de faire comprendre que l’avenir vers lequel on va est avant tout celui qu’on crée. On peut se reconnecter à la nature, au vivant mais c’est à nous de décider comment, les technologies n’étant que l’extension de notre conscience, de notre imaginaire.
Comment les étudiants de la Majeure MTI se sont retrouvés impliqués dans ce projet ?
En mai 2015, j’ai participé à un speed dating de la Majeure MTI de l’EPITA pour proposer One Heart On Tree aux étudiants de 4e année à la recherche d’un projet de fin d’études avec des entreprises (PF2E). Chaque porteur de projet devait présenter son idée et les étudiants devaient ensuite expliquer leur démarche et définir une série de projets avec un ordre de préférences. En très peu de temps, les binômes porteurs de projet-étudiants se sont créés. Depuis, les étudiants travaillent avec mes développeurs et ont commencé à développer la partie détection de rythme cardiaque à partir d’un algorithme. Ce dernier permet d’analyser les micro-changements de teintes dans le doigt liés au flux sanguin et donc de déterminer le rythme cardiaque de l’utilisateur après qu’il ait posé le doigt sur le smartphone. La sortie de l’application est prévue pour mi-novembre.
Une campagne de crowdfunding réussie !
Désormais terminée, la campagne de crowdfunding de One Heart One Tree s’est très bien déroulée. Avec près de 1 000 contributeurs et plus de 62 000 euros récoltés, le projet représente déjà plus de 8 700 arbres « réservés ». De bon augure pour la suite !
Il est toujours possible de contribuer en réservant des arbres sur le site www.1heart1tree.org