Du campus de l’EPITA aux rooftops de Brooklyn : la vie de developer evangelist de Shubham Sharma (promo 2015)
Si la grande majorité des étudiants trouve un premier emploi lors de leur dernière année d’études, certains sont plus précoces et posent les bases de leur carrière professionnelle bien avant l’obtention de leur diplôme. C’est le cas de Shubham Sharma (EPITA promo 2015). Aujourd’hui basé à Brooklyn, cet Ancien devenu developer evangelist évolue chez l’entreprise Mailjet depuis sa 3e année. De l’art de faire coïncider cours et travail à sa nouvelle vie aux États-Unis, en passant par son récent coup de foudre pour Snapchat et sa passion pour son métier, Shubham se livre avec franchise et n’élude aucun sujet.
Shubham Sharma est désormais un habitant de Brooklyn
Qu’est-ce que fait Mailjet ?
Mailjet est un ESP (Email service provider) qui aide les entreprises à faire du mailing. Prenons l’exemple de Carrefour : à la sortie de la nouvelle Playstation, ils vont devoir contacter toutes les personnes susceptibles d’être intéressées par ce produit en se basant sur leur âge, leur panier moyen par mois, leur domiciliation, etc. Ils doivent donc segmenter et envoyer l’emailing. En proposant une solution tout-en-un pour les emails marketing et transactionnels, Mailjet fait en sorte que cet email arrive bien dans la boîte de réception et non dans les spams.
En tant que developer evangelist, quelles sont tes missions chez Mailjet ?
Mailjet propose une interface pour les « marketeux », soit les personnes qui créent leurs newsletters, mais aussi une API pour les ceux qui veulent s’y connecter « techniquement ». En tant que developer evangelist, je fais en sorte que cette intégration avec Mailjet soit la plus facilitée possible. Cela consiste donc à leur fournir de la documentation ainsi qu’une plateforme développeurs recensant un maximum d’exemples et de tutoriels. Je fais aussi énormément de présence online et offline, c’est-à-dire que j’anime régulièrement des conférences sur des sujets techniques. Ainsi, si les gens trouvent intéressant ce que je dis, ils seront potentiellement amenés à penser que le produit technique de Mailjet est lui aussi digne d’intérêt. En gros, c’est du marketing pour développeurs et mon rôle est de penser à leur expérience développeur avec Mailjet. Je fais en sorte qu’ils aient la meilleure expérience possible.
Pour résumer, ton entreprise propose soit une solution de mailling clé en main, soit une solution ouverte via une plateforme API. Ta mission consiste alors à accompagner et guider ceux qui optent cette seconde possibilité.
C’est ça. Et comme il n’est pas envisageable de faire du cas par cas, il était nécessaire de proposer cette plateforme automatique.
Ton parcours professionnel est assez particulier puisque que tu as commencé chez Mailjet bien avant la fin de tes études à l’EPITA. Comment cela s’est-il passé ?
En fait, c’est très simple : j’ai fait mon stage de 3e année dans leurs bureaux à Paris puis j’ai continué avec eux une fois celui-ci terminé. Je travaillais ainsi en freelance, sauf pour mes deux autres stages de 4e et 5e année, où là, je revenais chez eux en tant que stagiaire.
À la base, mon histoire avec Mailjet commencé sur le Net : j’avais mon profil sur un portail développeurs dédié au développement mobile JavaScript. Le CTO de l’époque m’a alors contacté pour justement faire du développement JavaScript lors d’un stage, ce que j’ai accepté. Seulement voilà, en discutant ensemble au fur et à mesure, nous nous sommes rendus compte qu’au-delà de l’aspect purement technique, il y avait une réelle opportunité d’associer le développement au marketing. C’est là qu’il m’a proposé de devenir developer evangelist. Je lui ai alors demandé à quoi ça correspondait. Quand il m’a dit que cela consistait à tout le temps voyager pour faire des conférences et échanger avec des profils différents, notamment des développeurs, pour savoir ce qu’il se passait sur le « terrain » et ainsi réagir au mieux grâce à leurs feedbacks, le challenge m’a tout de suite intéressé.
Quand est-ce que tu as rejoint la branche américaine de l’entreprise ?
Il y a environ un an. Avant cela, comme j’étais developer evangelist à Mailjet Paris, je voyageais essentiellement en Europe. Aujourd’hui, mon travail reste le même sauf que je m’occupe de la partie North America.
Lors de tes études, tu faisais partie de Cristal, l’association entreprise des étudiants de l’EPITA et d’Epitech. Tu as même été son vice-président. Crois-tu que cette expérience au sein de Cristal a pu contribuer à rendre ton profil compatible pour poste de developer evangelist ?
Je pense que ça y a contribué. En évoluant au sein de Cristal, j’ai vu que j’avais une certaine prédisposition pour m’adapter à différents interlocuteurs. Des gens de tous les profils venaient nous voir à l’association : des profils hyper tech, soit des étudiants souhaitant faire des prestations, comme des clients, qui n’ont pas toujours un besoin forcément technique. Tout ce travail de traduction et d’écoute active, je l’utilise tous les jours dans mon métier pour comprendre les différents types de personnes avec qui j’interagis.
Comment passe-t-on du monde du travail français à celui américain ?
Comme mon travail à Paris reposait essentiellement sur mon réseau et sur les différents professionnels que je rencontrais, j’étais à l’aise en France où je connaissais tout le monde. Évidemment, en venant aux États-Unis, j’ai accepté de relever le challenge d’arriver dans un monde tout à fait « nouveau » et de pouvoir continuer à faire ce que je faisais en Europe. Et pour réussir cela, maîtriser l’anglais ne suffit pas car ce n’est pas moins une affaire de langue que de petits réflexes à assimiler pour te fondre au sein des communautés de développeurs. Après, même si la culture est différente, les ingénieurs et les développeurs d’ici restent des ingénieurs et des développeurs : si l’on sait parler de code, on s’entend. Le code est ce langage commun qui nous réunit.
En tant qu’expatrié, quels conseils donnerais-tu aux étudiants ou jeunes diplômés de l’EPITA qui envisageraient une expérience new-yorkaise ?
Mon principal conseil, c’est de se fixer une date de départ car si on veut y aller, on peut y aller : il y a assez de travail et d’opportuni
tés pour qu’une entreprise américaine prenne un Français en stage, en contrat classique ou en freelance. Quant à savoir si on veut réellement devenir expatrié ou non, c’est une autre question à laquelle on ne peut répondre que lorsqu’on est sur place, quand on expérimente la vie à l’étranger au quotidien et notamment la vie professionnelle. Pour ma part, lors de mes études à l’EPITA, j’avais déjà eu la chance de pouvoir réaliser un semestre à l’International à Berkeley en passant trois mois à l’University Of California (UCB). Et bien cette première expérience américaine n’a finalement rien à voir avec le fait de travailler concrètement aux États-Unis. C’est pour cela que je conseille avant tout de venir essayer six mois, un an. Ce n’est que par ce biais qu’on peut décider de devenir expatrié ou non. C’est vraiment un choix de vie à ne pas prendre à la légère.
Justement, qu’est-ce qui t’a convaincu de rester ?
Bon, c’est vrai que j’ai toujours rêvé de travailler aux États-Unis – c’était aussi pour ça que j’avais choisi Berkeley pour mon semestre à l’étranger. À l’époque où je travaillais chez Mailjet Paris, j’avais aussi eu la chance de participer à des conférences outre-Atlantique, comme celles de TechCrunch et Pycon. Je me suis dit qu’avec une telle concentration de programmeurs, de développeurs et de technologies, j’allais pouvoir apprendre encore plus et plus vite ici. Enormément de choses se passent aussi à Paris, mais il y en a plus encore qui se passent à New York et San Francisco. C’est surtout ça qui m’a convaincu.
Qu’est-ce qui, de ton passage à l’EPITA, te sert au quotidien ?
« L’expérience EPITA » est différente pour tout le monde. Toutefois, en ce qui me concerne, je parlerais de la crédibilité. Cela peut paraître un peu simple dit comme ça, mais c’est vrai : comme à l’EPITA, j’ai touché à plusieurs langages de programmation et suis allé parfois « assez bas » dans un ordinateur, cela me permet d’avoir de la crédibilité quand il s’agit de discuter avec un développeur. D’ailleurs, un développeur écoute surtout deux types de personnes : celles qui sont aussi fortes que lui et celles qui sont plus fortes que lui. Il faut leur montrer que tu n’es pas un « escroc » ou un commercial lambda. Cette composante tech m’aide donc tous les jours.
Depuis un certain temps, tu as aussi décidé de développer ton identité sur les réseaux sociaux, notamment Snapchat et Twitter. Est-ce capital pour ton travail d’être présent sur ces réseaux ?
Quand on est developer evangelist, c’est capital d’être sur Twitter puisque c’est là où de nombreux développeurs connus interagissent. C’est vraiment une super plateforme pour parler à des personnes d’habitude inaccessibles. Quand je suis arrivé à Mailjet, j’avais seulement 300 followers et j’ai vite compris l’intérêt de gagner en compétences et en visibilité.
Snapchat par contre, c’est à côté. J’ai véritablement débuté quand je suis arrivé à New York, en faisant du Slog, soit un Vlog en version Snapchat. Je raconte ainsi un peu ma vie dessus, en incorporant un peu de storytelling, en donnant des conseils de temps en temps sur Snapchat ou la tech. Je commence à rentrer dans cet univers de vloggers et à prendre de plus en plus de plaisir à échanger avec ceux qui me suivent.
As-tu un conseil pour ceux qui voudraient se lancer dans Snapchat ?
Sur Twitter, c’est simple car on y va pour montrer qu’on est visible : vous interagissez avec des gens, d’autres vous suivront, et quand vous aurez quelque chose à dire, ça se verra. OK. Pour Snapchat, c’est différent : cela ressemble plus à une discussion entre amis. C’est assez fermé, dans le sens où, si j’ajoute une personne, je ne pourrais pas voir les interactions de cette dernière avec les autres utilisateurs. Du coup, pour se construire une audience sur Snapchat, il faut être créatif, proposer du contenu régulièrement et, surtout, savoir raconter des histoires. Il faut absolument permettre à ceux qui vous suivent de passer du bon temps. Il faut s’impliquer et cela demande du temps.