Semaine de l’handicap « Le handicap ne devrait pas limiter nos ambitions.»
Il reste beaucoup à faire pour améliorer les conditions d’études des étudiants à mobilité réduite.
En France, seul 2% des élèves de l’enseignement supérieur sont en situation de handicap. Un nombre en constante augmentation, porté par une volonté d’inclusion et une meilleure prise en charge du handicap. Pourtant, malgré les progrès réalisés ces dernières années, nombreux sont ceux qui continuent à rencontrer des obstacles dans leur parcours académique, notamment en raison d’infrastructures inadaptées ou de dispositifs d’accompagnement insuffisants.
C’est pourquoi nous avons choisi de donner la parole à nos étudiantes et étudiants en situation de handicap, sans fard, pour qu’ils puissent partager leurs vécus, leurs défis, mais aussi leurs attentes.
Aujourd’hui, rencontre avec Léo, étudiant en quatrième année de cycle ingénieur à Lyon, il est atteint d’une maladie neuromusculaire qui affecte sa mobilité. Depuis l’âge de 10 ans, il se déplace en fauteuil roulant. Lors de notre entretien, il nous a livré une réflexion sincère sur l’accessibilité dans l’enseignement supérieur, et les améliorations nécessaires pour permettre aux étudiants en situation de handicap de suivre leur parcours dans de meilleures conditions.
Un parcours marqué par la passion et la réflexion
Léo est un jeune homme passionné par le sport, la compétition et la réflexion. Supporter de l’ASSE depuis son enfance, il a également développé un intérêt pour la Formule 1, une passion qu’il a concrétisée cette année en assistant au Grand Prix de Monaco. Mais sa curiosité va bien au-delà : c’est l’aspect stratégique et mental du poker qui le fascine, un jeu qui demande concentration et réflexion, des qualités qu’il applique également dans ses études d’ingénieur. « J’ai toujours trouvé du plaisir à étudier et à réfléchir », confie Léo, qui s’est naturellement tourné vers l’informatique. « Je n’ai jamais eu de doute quant à ma volonté de poursuivre des études supérieures », ajoute-t-il, même si, du côté de ses parents, cette décision a pu susciter des inquiétudes, compte tenu de son handicap.
Un handicap moteur qui façonne son quotidien
Léo vit avec une maladie génétique neuromusculaire, qui provoque une faiblesse musculaire, notamment au niveau des membres. La question de l’accessibilité, tant physique que sociale, est un sujet central dans son quotidien, qu’il aborde avec une grande ouverture. « Les principaux freins sont liés au manque d’infrastructures adaptées », explique Léo. Depuis trois ans qu’il suit ses études sur le campus, il a été confronté à des obstacles récurrents. Les accès aux bâtiments, par exemple, ont été parfois un véritable casse-tête pour lui. « Les portes accessibles sont souvent trop lourdes ou mal situées. »
Des dispositifs mis en place, mais encore trop de barrières
Avant son arrivée à l’EPITA Lyon, Léo a pu visiter le campus pour évaluer l’accessibilité des lieux. Bien que des aménagements aient été mis en place pour l’aider à suivre son cursus depuis le collège, Léo souligne que l’effort pour garantir une réelle autonomie à tous les étudiants handicapés semble encore insuffisant dans l’enseignement supérieur. « Il y a souvent des discussions, mais les mesures restent limitées. » Pour Léo, il est essentiel de parler ouvertement du handicap dans l’enseignement supérieur et au-delà. « Il faut démocratiser ces enjeux, sensibiliser davantage et surtout ne pas se mettre de barrières », insiste-t-il. « Le handicap ne devrait pas limiter nos ambitions. » C’est tout le sens du nouveau campus de Lyon sur lequel l’EPITA Lyon emménagera en septembre 2025. Ce nouveau grand campus, plus accueillant, situé dans le 9e arrondissement de Lyon prend beaucoup mieux en compte les besoins spécifiques des étudiants à mobilité réduite.